S'agissant de l'éducation aux médias, je suis le premier à dire que Radio France est un média national et non parisien ; il se trouve que notre siège est situé à Paris. La négociation et la signature des conventions avec les trois rectorats d'Île-de-France, que nous devons d'ailleurs renouveler avant la fin de l'année et qui ont produit plusieurs réalisations comme les ateliers radiophoniques, s'inscrivent dans cette logique d'éducation aux médias et, plus globalement, d'initiation des jeunes publics aux médias et à la pratique musicale – en effet, nous recevons chaque année plus de 50 000 élèves des trois académies franciliennes afin qu'ils se familiarisent avec nos différents métiers, ceux de la radio comme ceux de la musique, nos musiciens étant très investis dans ces activités.
Comment déployer ce type d'actions au niveau national ? En 2015, nous avons lancé une autre opération intitulée « Interclasses », dans laquelle les journalistes et producteurs de France Inter travaillent avec des collèges – là encore, en commençant par l'Île-de-France, mais j'ai souhaité que nous travaillions dès la deuxième année avec des collégiens de la France entière. Ces opérations sont à notre dimension : l'éducation aux médias, qui n'est pas au coeur de la mission de Radio France, est une activité supplémentaire mais tout à fait importante pour nous.
Comment élargir le périmètre de ces actions aux zones rurales et aux petites villes ? Je suis moi-même issu d'un département rural, le Lot-et-Garonne, où l'accès à la culture n'a guère de points communs avec celui des habitants du Ve arrondissement de Paris. Le réseau France Bleu réalise déjà un certain nombre d'actions tous les ans dans le cadre de la Semaine des médias, avec le CLEMI. Le numérique ne pourrait-il pas être l'occasion pour ce réseau de créer une offre d'éducation, de sensibilisation ? La question des fake news est pour nous primordiale : comment permettre à ces gamins de distinguer ce qui est du domaine du blog, du militant et ce qui relève de la véritable information recoupée ? France Bleu a un avantage formidable, à savoir une communauté très dense, notamment par le biais de Facebook. Je donne souvent l'exemple de France Bleu Périgord, inscrite dans un territoire rural mais qui a aujourd'hui plus de followers sur Facebook qu'il n'y a d'habitants à Périgueux et dans sa périphérie. C'est assez remarquable.
Je ne crois pas aux grands plans comme on en faisait il y a cinquante ans mais plutôt aux expérimentations, à cette méthode agile qui nous permet de tester les innovations là où des stations sont prêtes à être pilotes.