France Bleu, c'est quarante-quatre locales et bientôt quarante-cinq puisque nous avons prévu dans le cadre du COM d'ouvrir une France Bleu à Lyon d'ici à la fin de 2018. C'était une bizarrerie que la deuxième agglomération de France n'ait pas de radio locale. Cela va nous conduire à penser le traitement de l'information locale de façon différenciée pour cette ouverture à Lyon, car le rapport à la proximité n'est pas le même dans une agglomération de 1,4 million d'habitants et dans une préfecture de 50 000. L'évolution des programmes de France Bleu doit aussi tenir compte de ces réalités urbaines. Mais quarante-quatre ou quarante-cinq, ce n'est pas la moitié des départements français.
Ce service de proximité programme environ douze heures de programmes locaux par jour, alors que France 3 se limite à des journaux d'information, plus des magazines le week-end. C'est donc une particularité de France Bleu.
Le numérique nous a permis de renforcer la présence des langues régionales là où nous avons des rédactions dans ces langues, au Pays Basque, en Corse, en Alsace, en Bretagne avec Breizh Izel mais aussi France Bleu Rennes. Je me déplace une fois par mois dans une France Bleu. Je n'ai pas encore eu l'occasion de me rendre à Quimper, où nous allons déménager notre vieille station du centre-ville vers un emplacement beaucoup plus pratique fin 2018. Nous avons, sur ces questions de langue régionale, des équipes très dynamiques qui se sont approprié les nouveaux moyens de communication liés au numérique pour renforcer leur offre. La seule chose que j'ai à leur dire, c'est de prendre la main sur ces sujets, de faire des propositions, pourquoi pas en lien avec les collèges. Je crois vraiment, je le redis, à l'expérimentation et au niveau local, et non aux grands plans décidés depuis Paris.
Le cas de la Corse est intéressant. C'est une des radios du réseau les mieux dotées. Dans les réseaux de coopération méditerranéens, notamment la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen (COPEAM), que j'ai présidée, RCFM est très impliquée, notamment avec le projet Kantara. La présence de la langue corse sur nos antennes, numérique compris, est tout sauf en diminution.
Le public populaire n'est pas le public traditionnel qui écoute nos trois radios historiques, France Inter, France Culture, France Musique. Toucher ce public est aussi l'enjeu du déploiement du réseau France Bleu, par la proximité : des événements sont produits de façon locale, nos antennes rencontrent les publics, pas seulement au moment du Tour de France, mais aussi à l'occasion d'autres manifestations sportives ainsi que de manifestations culturelles. Le public de France Bleu est dans la moyenne de Radio France, autour de cinquante-cinq ans, plus féminin que les autres stations. Le numérique, les réseaux sociaux sont très importants pour toucher un nouveau public, en particulier grâce à des sujets « concernants ». C'est aussi le travail qui commencera à la rentrée sous l'égide d'Éric Revel, directeur de France Bleu, avec les directeurs de station, pour repenser l'interactivité sur nos grilles. De nombreuses stations n'ont plus d'interactivité à l'antenne, car les questions n'étaient pas toujours intéressantes et les gens qui les posaient toujours un peu les mêmes, mais cette interactivité passe désormais par le biais des questions posées au sein des communautés Facebook.
En ce qui concerne la formation des journalistes, je trouve, pour rencontrer les jeunes recrues de Radio France tous les deux mois lors de séminaires de découverte, que le niveau de connaissance et de maîtrise des outils numériques est encore insuffisant. L'arrivée des assistants vocaux va nous permettre de déployer la richesse de nos contenus par de nouveaux formats, et le niveau de formation ne répond pas encore tout à fait aux besoins que je ressens en tant que patron de média et que les directeurs de rédaction réclament aussi. On demande aujourd'hui à un journaliste radio de savoir écrire du texte, car les textes sont souvent mis en ligne, de produire de l'image, de connaître l'infographie. Il n'y a rien de tel, pour expliquer un problème aux plus jeunes générations, qu'une petite vidéo, une illustration.