Intervention de Mathieu Gallet

Réunion du mercredi 26 juillet 2017 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Mathieu Gallet, président-directeur général de Radio France :

J'ai une très mauvaise habitude, je réponds rarement aux questions portant sur les programmes pour une simple raison : j'assume mon rôle de manageur en tant que président-directeur général. Pour les programmes, je m'appuie sur l'équipe que j'ai constituée, qui comprend un directeur des antennes et des contenus, Laurent Guimier, qui vient de succéder à cette fonction à Frédéric Schlesinger, ainsi que sur les directrices et directeurs d'antennes. J'insiste sur « directrices » car l'un de mes engagements était de féminiser la direction de Radio France. C'était nécessaire : à mon arrivée, les sept antennes étaient toutes dirigées par des hommes.

Je me penche sur les grilles seulement en fin de saison. Les directrices et les directeurs me font part de leurs propositions pour renouveler telle émission ou changer tel format, après les avoir soumises au directeur des antennes et des contenus. Ces changements ont des implications difficiles sur le plan humain. En outre, ils perturbent les habitudes des auditeurs, car la radio est un média de fidélité qui règle nos vies personnelles – qui n'a pas dîné le dimanche au son du Masque et La Plume ?

Si notre responsabilité est de maintenir notre patrimoine radiophonique, elle est aussi de savoir le faire vivre. Après plusieurs années, se fait sentir le besoin de trouver de nouvelles incarnations. Nous souhaitons promouvoir de nouvelles voix, de nouveaux visages, de nouveaux talents, de nouveaux formats. L'émission qui succèdera à L'Esprit public vous convaincra que nous savons conserver le patrimoine tout en ouvrant nos grilles vers l'avenir.

S'agissant de la musique en français, je considère qu'il revient au service public de promouvoir cet élément différenciateur. Toutefois, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, madame Pau-Langevin, au sujet de la place des artistes ultra-marins. Si vous écoutez Mouv', vous verrez que la scène très dynamique du hip-hop d'outre-mer y occupe une bonne place. Il y a trois ans, quand nous avons repensé cette antenne, elle constituait une niche. Aujourd'hui, elle diffuse les grands succès de musique française comme Nekfeu ou Black M, des artistes qui parlent à de plus en plus de Français.

Vous m'interrogiez sur les plateformes, madame Bergé. Il est certain que nos concurrents sont autant Europe 1, RTL ou RMC que Deezer, Spotify et demain Facebook et Amazon. Et je crois en toute sincérité que nous subissons une distorsion de concurrence car les règles ne sont pas les mêmes pour tous. Nous ne pouvons pas en rester là, et je m'adresse aux législateurs que vous êtes, mesdames, messieurs les députés.

Pour redresser les comptes de Radio France, les efforts ont été considérables depuis cinq ans – avant même mon arrivée, je tiens à le souligner. Les versements de l'État au titre de la contribution à l'audiovisuel public sont restés au même niveau ces cinq dernières années mais à partir de l'an prochain, ils devraient, selon le COM, connaître une augmentation de 1,5 %, ce qui reste très raisonnable. L'État nous a versé une dotation en capital qui est venue soutenir le financement de la réhabilitation de la Maison de la radio, l'une de nos charges les plus lourdes aujourd'hui. Je dois vous avouer que la perspective de faire du béton n'est pas ce qui m'a fait venir à Radio France mais nous devons faire avec. Le chantier est rendu complexe par le fait qu'il s'insère dans un site de 100 000 mètres carrés qui accueille des activités radiophoniques.

Nous n'avons pas demandé de moyens supplémentaires à l'État. Lors de ma rencontre avec la ministre de la Culture aux côtés de mes homologues de l'audiovisuel public, j'ai simplement demandé que le COM soit respecté. L'une des difficultés qui s'est posée lors de la précédente législature est qu'aucune entreprise de l'audiovisuel public n'a vu son contrat respecté. C'est ainsi que 78 millions nous ont manqué sur deux ans, ce qui a largement contribué au déficit auquel nous avons dû faire face.

Je vais laisser le soin à Sibyle Veil de vous apporter des informations complémentaires à ce sujet.

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