Intervention de Mathieu Gallet

Réunion du mercredi 26 juillet 2017 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Mathieu Gallet, président-directeur général de Radio France :

Avec l'extension de France Bleu Toulouse, l'un de nos objectifs était de compléter la couverture de France Bleu. Aujourd'hui, à peine la moitié des départements français ont une station de cette chaîne. France Bleu Toulouse, lancée en 2011, était il y a peu limitée à Toulouse, voire au centre de Toulouse car la diffusion était loin d'être excellente. Nous avons obtenu, avec le soutien de l'État, seize nouvelles fréquences qui profiteront à France Bleu Toulouse comme à France Bleu Béarn. Ces changements nous conduiront bien évidemment à repenser le projet éditorial de ces chaînes ainsi qu'à inventer un nouveau nom. Lors de ma visite il y a quinze jours à Toulouse, j'ai demandé aux équipes de travailler à ce chantier. Nous nous pencherons ensuite sur les moyens que nous leur attribuerons. L'idée n'est pas d'ouvrir de nouvelles stations mais d'assurer une meilleure couverture journalistique grâce à des créations de postes de reporters en résidence (RER) : un journaliste à temps complet sera affecté dans une ville où une nouvelle fréquence sera ouverte.

C'est un projet ambitieux et inédit. C'est la première fois qu'une station France Bleu sera d'envergure régionale au lieu d'être limitée à une ville ou un département. J'ai demandé aux équipes de France Bleu Toulouse de se mettre en rapport avec les équipes de France Bleu Nord, basées à Lille, qui couvrent tout le Nord-Pas-de-Calais avec un succès certain. Le projet devra être prêt pour le début de l'année 2018, au moment où nous ouvrirons les nouvelles fréquences.

Enfin, je vous remercie, madame Mörch, pour vous encouragements. France Bleu s'attache en effet à mettre en valeur les initiatives positives qui fleurissent partout sur notre territoire.

S'agissant de la diversité, précisons que Radio France a obtenu le label « Diversité » dès 2013 et l'a vu renouvelé à l'occasion de l'audit de l'AFNOR mené l'année dernière, ce dont nous avons été très heureux.

J'ai souhaité créer en 2015 un comité « Diversité », qui veille à la diversité et à la représentativité sur nos antennes mais aussi au sein du groupe, qu'il s'agisse des journalistes ou des fonctions transversales. Le comité a permis que le label soit maintenu. Il a renforcé la diversité au sein de l'entreprise, en partenariat avec des associations comme Capital Filles ou Mozaïk RH. Tous les ans, nous organisons avec une association un forum où nous mettons en relation des directeurs, des chefs de service, avec des personnes en alternance dont les profils sont plutôt éloignés de ceux qu'on peut trouver aux alentours de l'avenue du Président Kennedy dans le XVIe arrondissement. Le succès de cette initiative est certain : cette année, plus de quatre-vingts personnes ont été engagées par cette voie.

Pour renforcer la présence des femmes sur les antennes, nous avons soutenu, aux côtés de France Télévisions, le site expertes.fr. Il y a encore du chemin à faire, notamment parce qu'il existe une double difficulté. Il faut non seulement être experte dans son domaine mais savoir parler à la radio, média extrêmement exigeant qui réclame un minimum de formation. Afficher ces objectifs permet de souligner qu'il s'agit d'un engagement fort du président. Le fait qu'il y ait trois femmes parmi les sept personnes qui dirigent les antennes de Radio France constitue aussi un signal. L'ancienne présidente du comité « Diversité », Anne Sérode, directrice de FIP qui a rejoint TV5 Monde Québec-Canada, était très investie dans sa mission. Et il en sera de même pour Bérénice Ravache, qui a participé il y a quatre ans à l'élaboration du label « Diversité ».

En réorganisant France Bleu, nous avons souhaité donner davantage d'autonomie aux quarante-quatre stations. Tous les mois, je vais à la rencontre de leurs équipes. Cela fait un an que les postes de super délégués territoriaux ont été créés et l'expérience montre qu'ils ont été trop absorbés par leurs tâches de gestion et pas assez par leur travail éditorial alors même que ce sont deux anciens directeurs de station. Nous devons corriger le tir pour qu'ils puissent davantage soutenir les directeurs de station : leur prodiguer des conseils, les encourager à prendre en compte les réussites des autres stations mais aussi à tirer les leçons de leurs échecs, échecs identifiés le plus rapidement possible pour mieux rebondir comme le veut le fail fast à l'américaine. Nous gagnons tous à nous écouter davantage les uns les autres. Le travail des deux délégués et de la direction de France Bleu devra conduire à encourager les échanges au sein du réseau.

J'en viens à la numérisation.

Nous disposons d'une magnifique discothèque, que je vous invite à venir visiter. Elle se situait à l'origine dans la tour de la Maison de la radio mais quand la Préfecture de police de Paris a enjoint à la direction de Radio France de mettre aux normes le bâtiment, qui contenait de l'amiante, elle a été déménagée chez un prestataire extérieur dans un entrepôt situé dans le nord de Paris. Elle contient des pépites, parfois en plusieurs exemplaires, ce qui permet de se défaire de certains. Et grâce au travail du personnel de la discothèque, des documentalistes, des techniciens, des équipes du marketing et du développement, nous avons mis au point cette vente aux enchères qui a dépassé toutes nos espérances : présence de la presse internationale et public venu en nombre – plus d'un millier de personnes au cours de la journée. Les fruits de la vente iront abonder le fonds pour la numérisation de Radio France. La base numérisée ainsi développée sera accompagnée d'outils permettant la consultation à distance, ce qui permettra entre autres aux producteurs de travailler depuis chez eux. Les bénéfices de cette vente auront été multiples : valorisation du fonds, valorisation de métiers peu ou pas connus, ressources nouvelles pour la numérisation.

Je termine par les assistants vocaux personnels. La commercialisation par Amazon de l'enceinte Echo qui intègre l'outil de synthèse vocale Alexa va constituer une vraie révolution dans nos vies quotidiennes. Nous le verrons dès la fin de l'année aux États-Unis car la vente de ces objets franchira sans doute un nouveau cap à Thanksgiving et à Noël. Avec une partie de mon équipe, nous nous sommes rendus en février dernier à Seattle où nous avons passé une journée entière dans les bureaux d'Amazon. Ces objets connectés constituent pour nous une réelle opportunité : ils contribueront à une meilleure exposition de nos contenus et nous permettront de faire travailler différemment nos journalistes. Prenons l'exemple d'un journaliste critique de cinéma : pour faire la critique d'un film comme Valérian, il dispose d'une minute trente dans le journal de France Inter et d'un peu plus de temps dans un magazine du week-end mais le reste de la semaine, son talent n'est pas utilisé. Nous mettons déjà à disposition des podcasts natifs, qui n'ont pas d'autre support que le numérique. Avec ces assistants personnels, les journalistes et les producteurs pourront proposer une offre différente, à travers des formats plus longs, qui amélioreront notre référencement. La profondeur de champ des contenus du service public sera grandement valorisée. Nous comptons prendre pleinement pied dans cette nouvelle révolution qui est celle de la voix.

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