Au risque de me répéter, qu'il faille distinguer une information vraie d'une fausse, c'est une affaire entendue, et de longue date. Dans le domaine des réalités matérielles, la dispute à ce sujet s'appelle la science ; dans le domaine des choses auxquelles on peut croire ou ne pas croire, cela s'appelle la philosophie ; et dans le domaine de ce qu'il est bon de faire ou de ne pas faire dans la société, cela s'appelle la politique.
Toute vérité ne jaillira jamais que d'une dispute. C'est la dispute qui fait apparaître les possibles du réel et, à la fin, il faut bien que l'être humain tranche. En matière de science, où les choses peuvent paraître plus rigides, n'est vraie qu'une chose dont on peut démontrer le contraire : cela paraît incroyable mais c'est comme cela. C'est pourquoi la science ne se ferme jamais.
Si nous vous suivons dans l'idée que la loi puisse fixer la vérité ou qu'un organe en soit capable, il faudra dire tout de suite à Mme Le Grip, qui s'est exprimée tout à l'heure, qu'elle court un très grand danger, car elle a osé nous dire que l'enfer était pavé de bonnes intentions, ce qui, si j'en crois l'article 1er, est une « allégation ou imputation d'un fait dépourvue d'éléments vérifiables de nature à la rendre vraisemblable » : cela constitue donc une fausse information – trois fausses informations : premièrement, que l'enfer existe, deuxièmement, qu'il est pavé et troisièmement, que vous ayez de bonnes intentions !