Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du jeudi 7 juin 2018 à 21h30
Lutte contre la manipulation de l'information — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Lutter contre les fausses informations est une vieille histoire. M. Mélenchon a puisé dans les sources de la philosophie pour nous en parler. Sans remonter jusqu'à l'Antiquité, on peut citer la loi du 17 février 1852 – sous Louis Napoléon Bonaparte, pas encore empereur mais déjà Président de la République – , qui sera reprise peu ou prou dans la loi du 29 juillet 1881. Et un décret sera même pris en 1935, sous l'impulsion de Pierre Laval, pour élargir l'interdiction de diffuser de fausses informations à la remise en cause du moral des troupes dans la presse. Ce serait considéré comme une fausse information, potentiellement interdite.

Le débat est ancien. Il existe actuellement un arsenal de dispositions juridiques qui donnent beaucoup de travail à la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris. Elle agit, peut prendre des décisions rapidement – à l'occasion d'une élection présidentielle, par exemple. Elle le fait d'ailleurs régulièrement et dans cette salle, beaucoup de personnes sont des habitués des prétoires.

Ne laissons pas croire que nous sommes démunis, même si le sujet est réel. De plus en plus, les gens se forgent une opinion, non par les procédés classiques du type d'une réunion politique, comme nous l'avons connu, mais par les médias.

La qualité de l'information doit donc être interrogée pour savoir si le débat public est véritablement loyal et permet à chaque citoyen de se forger une opinion fondée sur des avis contradictoires. C'est une réflexion que les républicains que nous sommes doivent conduire.

C'est la raison pour laquelle nous assumons le fait d'avoir profité de l'occasion pour engager une discussion sur la qualité de l'information, une qualité que des modèles économiques remettent aujourd'hui en cause par la précarité permanente qu'ils imposent aux journalistes. Si nous avons voulu avoir cette discussion en commission – discussion que nous aurons à nouveau lors de l'examen des amendements – , ce n'était pas en vue de défendre un quelconque cavalier législatif. Mais il n'est pas possible de débattre de la qualité de l'information et de la façon dont le citoyen se forge une opinion si on n'interroge pas la manière dont l'opinion est fabriquée.

Quiconque, dans cet hémicycle, a eu un contact avec des JRI – journalistes reporters d'images – d'une chaîne d'information sait très bien que, dans la journée, ils courent entre quatre et six sujets et que, arrivant tout transpirants, ils ne savent même plus à qui ils s'adressent. Ils vous répètent la même question qu'ils ont déjà posée à tout le monde, ils ne travaillent pas le sujet et ils diffusent, je l'affirme ici, une information bien souvent fausse, parce qu'elle est de mauvaise qualité. Si vous discutez avec eux, le premier thème qu'ils abordent est la précarité de leur statut. Nous sommes là au coeur du sujet, si nous voulons vraiment que nos concitoyens ne se soient pas manipulés par des informations de mauvaise qualité.

Nous devons également nous interroger sur la trop forte concentration des médias entre quelques mains : est-il normal qu'en France, huit ou neuf personnes possèdent 80 % des médias ? Mes chers collègues, face à cette situation, vous êtes totalement impuissants, voire d'une naïveté coupable !

1 commentaire :

Le 13/06/2018 à 09:37, Laïc1 a dit :

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une feinte naïveté, pour plus de répression de la part du pouvoir.

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