Déterminer la finalité du dispositif envisagé permettra ensuite de savoir qui fait quoi et donc de connaître la part dévolue aux militaires. En fonction de cette définition, nous serons en mesure de vous répondre si nous savons faire ou non et si oui, ce que nous ne pourrons plus faire. C'est pourquoi la commission que le président appelle de ses voeux est vraiment légitime. Ensuite, nous saurons combien de temps il nous faudra pour accueillir 700 000 jeunes, pour les nourrir, les loger, les habiller… Je ne me prononce donc pas sur ce choix politique car il ne m'appartient pas. J'ai certes un avis en tant que citoyen mais la balle est vraiment dans votre camp.
Le député Jean-Michel Jacques m'a interrogé sur ma place au sein du triangle constitué par la direction générale de l'armement, l'industrie de défense et le chef d'état-major de l'armée de terre. Je la considère comme insuffisante. Dans la conception des matériels qui vont équiper l'armée de terre, je n'ai pas, juridiquement, d'autre place reconnue que celle de tester lesdits matériels. Quand il s'est agi de remplacer le FAMAS, j'ai mis le pied dans la porte : je suis allé voir le ministre pour lui demander s'il acceptait qu'on décide du remplacement du fusil qui équipe tous les soldats de l'armée de terre, sans que le chef d'état-major de l'armée de terre ait voix au chapitre. Il m'a répondu que non. J'ai donc pris ma place et j'entends la garder. C'est un ménage à trois, ce qui est parfois difficile (Sourires) ; reste néanmoins une insuffisance structurelle dans cette co-construction.
J'en viens aux arbitrages budgétaires. Ma première préoccupation est de finir l'année 2017. Comme vous le savez, les chefs d'état-major n'ont plus tous les budgets entre leurs mains. J'espère pouvoir payer les factures des OPEX et des OPINT. La ministre a déclaré qu'elle ferait en sorte que la préparation opérationnelle ne soit pas touchée : c'est mon principal objectif car je veux remplir les missions qu'on m'a confiées et je veux que mes soldats soient entraînés, ne serait-ce que pour pouvoir se protéger – il n'est pas question de les envoyer en opération s'ils n'ont pas suivi la préparation opérationnelle adéquate. Je ne suis pas encore en mesure de vous répondre en détail concernant les 850 millions d'euros d'annulations de crédits. Je veillerai de près à l'élaboration du projet de loi de finances pour 2018 dont j'ai d'ores et déjà noté qu'il prévoyait des crédits dédiés à la protection ; j'y suis très attentif car, vous le savez, je souhaite accélérer la dotation d'un gilet de protection pour chacun de nos soldats.