Intervention de Hervé Morin

Réunion du mardi 15 mai 2018 à 18h15
Commission des affaires sociales

Hervé Morin, président de Régions de France :

Pardon, madame Vainqueur-Christophe : j'ai en effet oublié de mentionner l'outre-mer. Or s'il y a une chose à faire, urgente, c'est bien de différer l'application de la réforme dans les territoires d'outre-mer où ne se trouve aucune branche professionnelle ou presque.

Madame la rapporteure, nous n'avons pas la compétence en matière d'information... On ne fait pas de l'orientation ni de l'information quand on organise trois jours de visite dans un collège ou dans une entreprise. On se donne bonne conscience, à l'heure actuelle, avec ce genre de pratique : on va lancer une journée d'information sur les métiers du bois, comme si l'on pouvait ainsi susciter une envie voire une passion. Une très bonne réforme, promise par Jean-Michel Blanquer, consisterait à consacrer deux ou trois heures par semaine à l'orientation. J'ignore si l'éducation nationale l'envisage encore, c'est en tout cas une bonne idée. Pour l'heure, un principal de collège ou un proviseur de lycée peut très bien ne pas nous ouvrir la porte de leur établissement et le texte tel qu'il est rédigé n'y changera rien. Or ce ne sont pas les fiches de l'ONISEP qui permettent de connaître les métiers…

De plus, je l'ai dit, les COPSY s'appellent désormais les PSYEN. Ces personnels ont demandé la revalorisation de leur métier à travers un changement d'appellation mais dans laquelle le mot « orientation » a disparu. Doit-on confier aux régions la compétence en matière de psychologie scolaire ? Absolument pas : elle doit continuer de relever de l'État. Au contraire, la compétence en matière d'orientation doit être, elle, attribuée pleinement aux régions. Et si vous allez en Allemagne, vous verrez que l'orientation ne se réduit pas à une balade de temps à autre dans une usine ou dans une entreprise. Elle relève d'une organisation très planifiée en fonction de laquelle, chaque semaine, on procède à une immersion, on fait connaître les métiers… Le modèle est radicalement différent entre nos deux pays. Ce n'est pas avec les CARIF-OREF qu'on assurera une bonne information et une bonne orientation. Il faut en effet y consacrer des moyens humains importants. Or, si des centres d'information et d'orientation ont été fermés un peu partout et s'il ne reste que 2 500 PSYEN pour remplir cette mission, c'est bien que la France a décidé de se désintéresser de l'orientation.

On ne va pas demander aux régions de mobiliser des collaborateurs par milliers dans toute la France pour contribuer à l'orientation sans leur donner complètement la compétence en matière de formation – ni les budgets pour le faire. Il y a en effet des initiatives qui sont prises, mais entre une initiative ponctuelle et l'organisation méthodique, planifiée et structurée d'un modèle d'orientation, il y a une différence de taille, et une telle organisation n'a rien à voir avec ce qui est proposé aujourd'hui.

Monsieur Vercamer, ce que nous avons proposé au Gouvernement était de coconstruire un système auquel aucune région ne puisse échapper. On peut en effet penser qu'à un moment ou à un autre, tel président de conseil régional estimera que l'apprentissage n'est pas sa priorité. Nous souhaitons l'élaboration d'un modèle dans lequel les branches professionnelles et la puissance publique travaillent ensemble pour faire évoluer le système.

Je ne suis nullement opposé, madame la rapporteure, à ce que l'on puisse ouvrir des places dans les centres de formation sans autorisation administrative mais à partir d'un schéma qui soit viable. Or, le schéma proposé ne l'est pas. Outre la co-construction, nous avions proposé une plus grande libéralisation des formations – ce n'est donc pas une question de libéralisme. Seulement, il faut que le système tienne compte de la diversité des métiers dans la construction des modèles pédagogiques – diversité qui a été oubliée dans le texte.

Enfin, je suis d'accord avec M. Perrut.

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