Intervention de Isabelle Valentin

Réunion du mardi 15 mai 2018 à 18h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Valentin :

Un cinquième des 15-24 ans sont demandeurs d'emploi, et il y aurait 300 000 postes non pourvus sur le marché du travail, ce qui est consternant. Un tiers des lycéens – soit 700 000 élèves – est aujourd'hui scolarisé dans la voie professionnelle. Nous avons tous envie de développer cette voie d'excellence, du niveau V au niveau I. On parle souvent de l'apprentissage et de l'alternance aux petits niveaux, moins souvent au niveau I. L'alternance constitue un atout majeur, formant les jeunes professionnels qui seront les piliers de nos entreprises de demain. Nous devons être prudents dans nos choix. Il est vrai que les entreprises méritent d'être beaucoup plus associées aux politiques d'apprentissage, notamment dans la construction des référentiels de métiers. Cette réforme est une recentralisation d'une des premières politiques décentralisées. Il s'agit tout simplement d'une privatisation de l'apprentissage, confié aux branches professionnelles, sous un régime national qui va tirer les formations vers le bas. J'ai dans ma circonscription l'école nationale formant toute l'élite en pâtisserie qui travaillera ensuite dans les hôtels trois et quatre étoiles. Cette élite reçoit une formation différente de celle des CFA ou d'autres écoles, ce qui explique que le coût de cette formation soit bien supérieur à la moyenne.

Le financement par contrat présente un risque majeur pour l'aménagement du territoire puisqu'il ne tient pas compte des disparités locales. Ce nouveau dispositif engendre une grande complexité, avec près de 700 branches au lieu d'un interlocuteur unique. Seules les formations bénéficiant à un nombre important d'apprentis seront pérennes. La gouvernance proposée est très éloignée des réalités des territoires. Pour les régions, la réforme de l'orientation est l'une des principales clés de la réussite pour revaloriser et développer l'apprentissage en France. La faiblesse actuelle de notre système a été unanimement dénoncée par l'ensemble des Français. L'éducation doit jouer un rôle en matière d'orientation. L'orientation des jeunes commence au collègue. Il faut arrêter d'opposer les différents systèmes de formation initiale et en alternance, privés et publics, rural, catholique etc. car ils sont complémentaires. L'image de l'apprentissage et celle de l'industrie et de l'artisanat ont besoin d'être revalorisées. Les Olympiades des métiers sont une vitrine formidable : qui, demain, gèrera de tels événements ? Comment voyez-vous la mutualisation des plateaux techniques entre lycées professionnels, CFA, maisons rurales et écoles de production qui ont été financés par de l'argent public et qui, demain, ne seront plus gérés par le même acteur ?

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