La réponse à cette question est qu'il faut inverser la problématique et obtenir que le client ait envie de faire des travaux, y compris des travaux d'efficacité énergétique. Il faut un marché tiré par les besoins du consommateur, au moins pour une part, beaucoup plus que réglementé ou poussé par des aspects globaux ou sociétaux. C'est une éducation à faire, une éducation des personnes : comprendre ce qu'est le confort, comprendre que vivre mieux dans un endroit bien isolé, c'est un avantage important, pour ceux qui peuvent se le permettre peut-être. Vous avez très bien relevé que le débat en France est devenu très compliqué, car il mélange la problématique de l'efficacité énergétique et celle de la précarité énergétique. Ce sont deux problèmes très différents. Certains ménages n'ont pas de moyens financiers suffisants c'est un réel problème et c'est malheureux, mais c'est un problème en soi. Vous avez une autre problématique qui est une problématique de bâtiments. Si quelqu'un peut acheter à Paris un appartement de 100 m2, pour un million d'euros, on aura du mal à me convaincre qu'il ne peut pas dépenser 20 000 ou 30 000 euros pour l'isoler. Il convient de ne pas confondre les deux problématiques, sauf à se retrouver dans une configuration, comme dans d'autres domaines, où les problèmes d'un grand nombre de gens sont mis en avant pour protéger des intérêts de quelques-uns. La bonne démarche est donc d'éduquer à la perception de l'avantage d'un bâtiment rénové pour le consommateur en premier lieu, mais aussi d'apprendre à la filière qu'il convient de parler ainsi à son consommateur. Combien d'artisans expliquent au consommateur final le bénéfice, dans sa vie quotidienne, des travaux qu'il fait réaliser ? Au-delà de l'esthétique que tout le monde peut juger, le confort thermique, la qualité de l'air, la luminosité, la gestion de la lumière, l'acoustique sont des choses très compliquées pour le client final, même s'il les vit au quotidien.