Très simplement, l'énergie solaire a dû faire face à deux problèmes. Tout d'abord, un problème technologique, les surchauffes : si vous l'utilisez mal, vous allez être surchauffés, si vous êtes surchauffés, vous avez des fuites, et quand vous avez des fuites à l'intérieur d'une toiture il faut enlever toute la toiture, ce qui est catastrophique car ça coûte très cher, pour changer un joint qui coûte 25 centimes, ça va par exemple vous coûter 10 000 euros donc ça a fait réfléchir. Ce problème a été aggravé par le fait qu'on a imposé à tort en France l'intégration des panneaux solaires, photovoltaïques ou thermiques, à l'intérieur des toitures. L'autre problème, c'est que dans les années 2000 on a créé un concours solaire thermique, alors que dans cette décennie, le solaire thermique, c'était 5 % de de la consommation énergétique globale du bâtiment et qu'aujourd'hui on va arriver à 70 ou 75 %, le contexte a donc changé. Il faut encore que les industriels le comprennent et qu'on puisse associer notre solaire thermique à de l'effet Joule qui ne coûtera quasiment rien et qui sera très efficace. Il faut aussi voir qu'aujourd'hui les besoins en eau chaude sanitaire deviennent prépondérants dans les bâtiments neufs par rapport à ceux du chauffage qui sont de plus en plus faibles.
Par ailleurs, un autre enjeu, pour les bâtiments neufs cette fois, c'est l'industrialisation à l'image de solutions avec des « bâtiments zéro énergie » mis en place en moins de deux mois. Nous travaillons sur ce projet avec un constructeur du Sud-Ouest qui est convaincu d'une future évolution positive dans ce domaine. Cette maison pour toutes les bourses est donc accessible en deux mois et peut couvrir tous les besoins en construction qu'ils soient urbains, avec des petits collectifs, des maisons en bande ou, encore, des maisons dans les domaines ruraux pour redévelopper nos campagnes. Nous avons donc aujourd'hui besoin de technologies nouvelles dans l'isolation, dans l'efficacité solaire thermique ou photovoltaïque et de l'industrialisation de ces technologies.
Je voudrais terminer cette intervention par la problématique de la qualité de l'air. En effet, la communauté scientifique a beaucoup apprécié les avancées dans le domaine de la réhabilitation notamment grâce à la réglementation dans le secteur du bâtiment sur le domaine énergétique, par contre aujourd'hui, on a une énorme problématique sur le confort et sur la santé dans les bâtiments. Nous avons mené des études récentes sur la qualité de l'air, avec des mesures qui nous ont montré un niveau alarmant de CO2, y compris dans l'ensemble des logements neufs qui ont été testés et quels que soient les systèmes industriels utilisés. Les capteurs saturaient en particulier dans toutes les chambres à coucher. L'approche bas carbone n'est pas suffisante, certes il ne fait aucun doute qu'il faut réduire l'impact CO2 des bâtiments mais il serait plus opportun de s'attaquer à l'énorme chantier des radiateurs électriques dans les bâtiments anciens mal isolés, ce qui entraîne un taux important d'émission de CO2 pendant les périodes de pointe, plutôt que de substituer les bâtiments en béton par des bâtiments en bois dans la construction neuve. Il est surtout urgent de considérer ces deux grands enjeux que sont la qualité des ambiances dans les logements neufs et anciens et les consommations énergétiques et les émissions de CO2 dans les bâtiments, avec pour moi une priorité absolue qui doit être donnée aux populations en situation de précarité énergétique.