Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du mercredi 30 mai 2018 à 21h30
Commission des affaires sociales

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Je travaille très étroitement avec Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal. L'orientation veut dire deux choses : l'information sur les métiers et l'affectation individuelle. Pour lever toute ambiguïté : l'affectation individuelle ne relèvera pas des régions mais continuera de relever d'un dialogue entre l'éducation nationale, les parents et les jeunes. Nous parlons donc de l'information, de la sensibilisation, de la connaissance des métiers pour aider au choix des jeunes et des familles.

L'orientation en tant qu'information est quelque chose d'extrêmement important, c'est une des clés pour l'apprentissage mais aussi pour l'enseignement professionnel. Nous faisons confiance aux régions, qui sont déjà têtes de file dans les lois de décentralisation sur les compétences d'orientation au sens d'information sur les métiers. Dans ce projet, nous renforçons cette compétence car les régions, qui ont en outre la compétence économique, travaillent tous les jours avec les secteurs professionnels et ont vocation à faire des choix d'investissement dans les lycées professionnels et les centres de formation d'apprentis (CFA), sont à même de travailler en coopération avec les collèges et lycées à la découverte des métiers. Les collèges et lycées, dans un cadre coordonné par les régions, avec les professionnels, pourront faire découvrir les métiers à bien plus de jeunes, qui parfois n'y connaissent rien, parce qu'ils sont issus d'un milieu familial avec très peu de liens avec les métiers, voire pas du tout quand les parents sont au chômage. Il existe une vraie inégalité dans l'accès aux réseaux et la connaissance des métiers. Jean-Michel Blanquer et moi, nous voulons que l'accès à la connaissance des métiers, à l'interaction avec les métiers soit ouvert à tous les jeunes.

Nous renforçons donc la compétence des régions qui le souhaitent et sont prêtes à relever le défi. J'ai évoqué tout à l'heure cinquante-quatre heures en classe de seconde, ce sera élargi ensuite à d'autres classes. Cela pourra prendre des formes très diverses : témoignages d'apprentis, d'entrepreneurs, visites d'entreprise, speed dating, forums, en ligne ou physiques… Certaines régions font déjà des choses très innovantes dans ce domaine mais nous voulons que ce soit possible dans tous les collèges et lycées.

Tout le reste en découle, et les conséquences sont au nombre de quatre. La première, c'est l'évaluation des proviseurs et principaux de lycée et de collège. Jusqu'à il y a un ou deux mois, la dotation pour les principaux de collège était proportionnelle au taux d'élèves allant vers l'enseignement général – les meilleures notes – puis technologique, puis professionnel, puis vers l'apprentissage. Désormais tout est sur le même plan. Il faut que toutes les mentalités changent, chez les jeunes, chez les parents, chez les enseignants… Nous mettons toutes les filières sur le même plan, en disant que ce sont des voies pédagogiques différentes qui correspondent à des élèves ayant des aspirations, des possibilités différentes, et il faudra des passerelles de l'une à l'autre, du statut scolaire à l'apprentissage et réciproquement.

La deuxième conséquence, c'est le redoublement avec apprentissage. Affelnet est le logiciel en sortie de troisième. Il y avait des rectorats où l'on parlait encore de « redoublement ou apprentissage ». C'est terminé. Nous savons que les jeunes qui réussissent sont ceux qui choisissent une voie, pour qui l'orientation n'est pas subie : il faut la passion et le travail.

La troisième conséquence concerne les DRONISEP. L'ONISEP reste rattaché au ministre de l'éducation nationale. C'est important car c'est là que s'élaborent les fiches métiers, la connaissance des différents métiers, la vulgarisation sur l'évolution des métiers. Une telle banque de données doit être nationale, car un métier de web-développeur ou de cuisinier du futur est le même partout. Ce qui a été proposé aux régions, c'est que les DRONISEP se placent sous leur autorité. À quatorze, seize ou dix-huit ans, peu de jeunes sont mobiles ; il faut donc une connaissance intime de l'offre régionale et même infrarégionale. Les directions régionales resteront connectées avec l'ONISEP au point de vue fonctionnel. Il faut raisonner en matriciel : au plan « métiers » l'ONISEP continuera de guider l'action mais pour actualiser les possibilités dans les régions il faut que les DRONISEP puissent travailler auprès des régions.

Le sujet des CIO est différent. Jean-Michel Blanquer est en train de rapprocher les CIO – qui ne sont pas supprimés, contrairement à ce que disent certains – des jeunes et des familles, et pour cela il faut qu'ils soient dans les établissements, dont ils sont parfois physiquement éloignés aujourd'hui. Or, ceux qui ont le plus besoin de conseils sont les moins susceptibles de faire trente ou cinquante kilomètres pour s'y rendre.

Enfin, s'agissant des parcours, certains jeunes savent en seconde ce qu'ils veulent, d'autres savent ce qui les intéresse mais pas exactement ce qu'ils veulent faire. Il y aura donc des secondes de métier un peu plus larges qui permettront de resserrer les choses petit à petit et d'aller soit vers un statut scolaire soit vers l'apprentissage soit vers un enchaînement des deux.

Au total, l'objectif est que le jeune ait beaucoup plus de choix qu'aujourd'hui.

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