Tout d'abord, puisque l'on a évoqué les comparaisons internationales, je rappelle qu'entre l'apprentissage et les lycées professionnels, la proportion est la même en France et en Allemagne. À ceci près que les entreprises allemandes consacrent 2,5 milliards à l'apprentissage, contre 500 millions pour les entreprises françaises… La comparaison n'est donc pas forcément valable.
Ensuite, c'est parce que nous croyons en l'apprentissage et que nous constatons un certain nombre de carences que nous nous demandons s'il est bien raisonnable de confier ce secteur à 400 branches qui, pour plus de 350 d'entre elles, ne fonctionnent pas. N'aurait-il pas fallu commencer, comme cela est envisagé depuis longtemps, par réduire leur nombre pour qu'elles deviennent opérantes et territorialisées ? Le pari que vous faites nous paraît dangereux et risque de provoquer une déstabilisation massive du dispositif.
Si nous partageons vos constats, nous n'en tirons pas comme vous la conclusion qu'il est impossible d'améliorer le fonctionnement du dispositif actuel, qui forme tout de même des centaines de milliers d'apprentis. Et je ne suis pas certain qu'en confiant le système aux branches, dont certaines ne se sont pas réunies depuis des années, on augmentera le nombre de ces apprentis. Vous faites un pari qui nous semble risqué, alors qu'il serait parfaitement légitime d'imposer aux régions que l'argent de l'apprentissage aille à l'apprentissage ; nous serions prêts à défendre ce principe avec vous.
Nous ne tenons pas un discours anxiogène pour les acteurs de l'apprentissage ; ceux-ci ont également des choses à dire, qui ne sont pas plus bêtes que les remarques que nous formulons. Les corps intermédiaires ne sont pas des trucs ridicules : le fait que la pauvreté ou le racisme perdurent ne disqualifie pas les associations de lutte contre la pauvreté ou contre le racisme… De la même façon, on ne saurait prendre prétexte des carences qui peuvent exister dans le dispositif de l'apprentissage pour disqualifier les acteurs de ce secteur.
Encore une fois, nous croyons en l'apprentissage ; nous en voyons bien les vertus. C'est pourquoi nous vous alertons : un certain nombre de mesures, loin d'améliorer les choses, nous paraissent de nature à les compromettre.