La première question qui se pose est celle du diagnostic : les acteurs de l'apprentissage ont-ils établi un bilan partagé du système actuel ? Je ne le crois pas, si je m'en tiens à ce qu'en disent les élus régionaux. Ainsi, hier soir, en écoutant notre collègue Acquaviva nous raconter ce qui se passait en Corse, j'ai plutôt eu le sentiment qu'ils avaient été écartés de ce diagnostic et que les nombreuses inquiétudes exprimées tant par les élus locaux en charge de l'apprentissage que par les acteurs au quotidien de ces formations n'avaient pas été entendues.
Par ailleurs, je ne crois pas que le système que vous proposez sera plus efficace. Or, tel est bien l'enjeu. En réalité, vous appliquez le modèle de l'État libéral : centralisation des décisions et privatisation de la gestion sur le terrain. C'est pourquoi je crains que vous ne déstabilisiez le système de formation dans les territoires. Le pilotage privé tel que vous l'organisez permettra-t-il de faire mieux qu'aujourd'hui ?
Enfin, les corps intermédiaires ont été beaucoup critiqués, au plan politico-philosophique, par votre majorité. À cet égard, le projet de loi ELAN est du même tonneau : on écarte les élus locaux, en dépit de leur expertise et du mandat que leur ont confié les électeurs. En réalité, les seuls corps intermédiaires – on pourrait discuter de ce que ce terme recouvre – qui trouvent grâce à vos yeux, ce sont les acteurs économiques, et c'est bien là le problème.