Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, homo oeconomicus is back ! Et avec quelle force ! Aucun secteur ne doit lui être interdit, pas même celui de la formation qui, en France, a toujours été plutôt épargné.
Il ne viendrait à personne l'idée de contester l'ampleur et la profondeur des changements en cours, et surtout des mutations à venir. Il est également évident que ces bouleversements exigent, à la mesure même de leur radicalité et de leur rapidité, une approche renouvelée de la formation.
Mais plus que tout autre domaine, ce renouvellement est lié à notre vision du monde, et d'abord à celle du monde du travail. Il en est même le principal marqueur. Bref, nous sommes à l'un de ces carrefours où s'engage durablement l'avenir d'une société.
Il n'est pas anodin de constater qu'avec ce texte, le beau mot de « formation » est en train de céder le pas à celui de « compétences ». L'action de formation devient en effet « l'action concourant au développement des compétences » – c'est l'article 4 – , tandis que le plan de formation est dénommé « plan de développement des compétences » – c'est l'article 6 – et que, plus généralement, l'ambition est désormais de faire advenir une « société de compétences ».
Oui, les compétences sont bien sûr indispensables mais, non, elles ne recouvrent ni les multiples dimensions ni l'ouverture fondamentale que suggère l'idée de formation professionnelle. Réduits aux seules compétences, l'apprentissage et la formation professionnelle sont intégrés à la grande famille des objets marchands et, comme tels, soumis aux lois du marché.