Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du jeudi 3 août 2017 à 9h30
Confiance dans la vie publique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

viennent confirmer la cohérence de votre orientation, que l'on peut résumer ainsi : limiter le pouvoir du Parlement et accroître le poids déjà exorbitant de l'exécutif et la présidentialisation du régime.

Au-delà, vous aviez fixé à ce projet de loi une ambition élevée : restaurer la confiance dans la vie publique – même si les mots ont évolué, le texte se rétrécissant du même coup. Vous l'aviez investi de votre promesse de régénérer la vie politique, mais votre projet porte bien peu des grands desseins dont vous vous êtes fait un drapeau.

D'abord, votre politique est déjà en train de se fondre dans le grand mouvement libéral qui donne tant le sentiment à nos concitoyennes et concitoyens que, pour eux, rien ne change. La République est en crise. Elle est abîmée par le pouvoir de l'argent, qui cherche à s'insinuer partout. Elle est abîmée par son renoncement à honorer sa promesse égalitaire, en laissant prospérer les privilèges de quelques-uns : selon les données de l'organisation OXFAM, les 1 % les plus riches possèdent plus que tout le reste de la planète. Les forces de la finance cherchent à étendre toujours plus leur emprise. Vous avez décidé de ne pas les citer, de ne pas les toucher, de les laisser jouer de leur influence, en refusant nos amendements, à commencer par celui, pourtant adopté par le Sénat, qui visait à faire sauter le « verrou de Bercy ». Votre désir de transparence s'est bien vite arrêté, dès qu'il s'est agi de toucher vraiment aux généreux donateurs, aux lobbies, aux conflits d'intérêts, aux pantouflages. Pour bien faire, il eût fallu, nous l'avons dit, ouvrir une nouvelle ère dans l'histoire de nos institutions, afin de renforcer la souveraineté et l'intervention populaires.

En conséquence, l'éléphant accouche d'une souris. Avec cette loi, vous allez vous payer en monnaie de singe. Les emblèmes sacrés avec lesquels vous vous êtes affrontés ne sont que tigres de papier. Votre opération « blanche colombe » a encore plus de plomb dans l'aile depuis les récentes révélations montrant la proximité du Gouvernement avec le monde de la finance et dévoilant plus que jamais le goût immodéré de ce petit monde pour les privilèges des stock-options. C'est sans doute légal, mais c'est aussi, sans aucun doute, révoltant et inacceptable.

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