En effet. Le reste, on le découvre a posteriori, quand on fait des recherches sur certaines substances – mais il en est sur lesquelles on n'en fait pas ; on attend je ne sais quoi. Si l'on veut essayer d'évaluer, des dispositifs scientifiques le permettent : l'évaluation du risque est une science et l'on peut recourir à toutes sortes d'approches de type toxicologique ; cela reste approximatif mais on peut ainsi avoir une certaine vision. Encore faut-il le faire. Si on se contente de dire : « Jusqu'à présent, il n'y a pas de preuve d'effet indésirable » ou si l'on se contente d'une étude toxicologique de 90 jours chez le rat, on n'a aucune information. Pourtant, dans une situation comme celle-là, la norme devrait être d'appliquer le principe de précaution : on attend de savoir si une substance donnée ne présente pas de risques pour la santé de la population avant de la commercialiser. Ce n'est pas le cas, puisqu'en alimentation il n'y a pas d'autorisation préalable de mise sur le marché, si ce n'est le dispositif novel food qui reste marginal et qui a d'ailleurs été quelque peu détricoté récemment. Il en résulte que les opérateurs mettent sur le marché des substances qu'ils ont le droit d'utiliser et que vient un moment où l'on s'avise qu'il se passe quelque chose quand on fait ingérer cette substance à des animaux et qu'il y a des interférences métaboliques – c'est l'histoire des perturbateurs endocriniens. C'est très difficile à mettre en évidence en raison de l'« effet cocktail », mais cette science n'est pas mise en oeuvre rigoureusement pour la mise sur le marché de ces produits-là.