Le système défini à l'ANSES tend à ce que l'on apprécie au cas par cas la nature et le degré du lien d'intérêt – s'il est, par exemple, direct ou indirect. Selon l'importance de ce lien, vous êtes écarté d'une discussion ou vous ne l'êtes pas. Pour ma part, je prends soin de demander aux membres du comité si des éléments nouveaux, ne figurant pas dans leur déclaration publique d'intérêts, devraient être portés à la connaissance du comité parce qu'ils pourraient faire l'objet d'un lien d'intérêt avec les sujets à l'ordre du jour. Mais ce n'est pas parce que quelqu'un a un lien avec un projet de recherche mené avec un collègue qui lui-même conduit un projet de recherche avec un industriel que l'on estimera qu'il ne peut pas se prononcer sur un autre sujet concernant d'un autre industriel dans un autre contexte, qu'il ne peut plus parler de nutrition en général ni même dire si à son avis un certain régime est bon pour la santé. Procéderait-on ainsi que, comme vous le dites, nous nous retrouverions très peu nombreux. L'ANSES, comme tous les organismes publics, est obligée de juger au cas par cas, en évaluant le degré de conflit d'intérêts.
Pour tout vous dire, je préférerais que l'on nous donne les moyens de travailler et que les résultats de l'Agence nationale de la recherche (ANR) soient trois fois plus importants qu'ils ne le sont maintenant. Quand on fait la science observationnelle, si on travaille sur des données, on n'a pas besoin de beaucoup d'argent. Quand on travaille sur des cohortes, quand on fait de la science expérimentale, des essais cliniques, des recherches sur les animaux, on a besoin d'argent, et l'État ne nous le donne pas. C'est peut-être de ce côté que l'on devrait chercher des solutions, si je puis me permettre cette suggestion.