Je pense aussi au maintien de l'habilitation à légiférer par ordonnance pour la banque de la démocratie, structure que nous jugeons au demeurant souhaitable. Il y a manifestement une incompétence négative du législateur, qui ignore tout du contexte, des alternatives possibles et des orientations précises entourant ce projet.
Autre regret : le maintien du verrou de Bercy, malgré la proposition a minima que nous avions reprise du Sénat et qui était aussi soutenue par nos collègues du MODEM. Il n'y avait nul besoin, à ce stade, d'une mission quelconque : il s'agissait simplement de laisser au procureur l'opportunité des poursuites en matière fiscale, relativement à toute affaire connexe dont il était saisi par ailleurs. Est-il donc aussi attentatoire au pouvoir exécutif d'entamer, même si peu, le monopole de Bercy ?
Enfin, nous ne comprenons pas que le conflit d'intérêts opposé aux parlementaires ne soit pas celui défini par la loi de 2013, que nous avions veillé, par cohérence, clarté et lisibilité, à conserver dans les textes ultérieurs. Le parlementaire échappera donc au conflit d'intérêts dans son acception de droit commun, comme s'il était seul incapable d'apprécier, dans sa situation de parlementaire, où se situe l'intérêt général supérieur entre deux affaires publiques susceptibles de le concerner. Là aussi, la simplicité et la clarté commandaient une définition admise par tous.
Nous allons voter pour ce projet de loi ordinaire car il répond à des circonstances particulières que nous devions régler. Mais il ne va pas au-delà et laisse donc un champ immense de dispositions à prévoir, de réflexions à mener, de culture de la déontologie à promouvoir et de privilèges gouvernementaux à abolir. C'est ce que nous nous apprêtions à faire, dans le sillage des lois de 2013, 2015 et 2016. Le présent texte, lui, est un petit pas. Par l'approche réductrice qu'il donne à voir du parlementaire, malgré toutes les dénégations que l'on entend, par l'absence de traitement d'autres questions fondamentales touchant aussi à l'exécutif, par l'absence de prise en considération de nos propositions, il n'emporte pas la confiance dans le coeur des citoyens. J'y reviendrai plus longuement lors des débats sur la loi organique.