J'ai été peiné, comme je l'avais été en commission, des remarques déconseillant les listes à la Prévert. Il est dommage de citer le poète pour le repousser d'un revers de main. L'Inventaire de Prévert mérite un autre sort, je crois. D'autant que, dans cette liste qu'il a établie, en 1946, figure « un petit garçon qui entre à l'école en pleurant un petit garçon qui sort de l'école en riant ». J'espère que les petits garçons ne seront pas les seuls à avoir accès à la formation professionnelle. Quoi qu'il en soit, de telles listes méritent un meilleur sort.
Sans avoir la volonté ni l'ambition de dresser un inventaire à la Prévert, il nous semble crucial d'ajouter une dimension actuellement absente du texte. Si la formation doit évidemment répondre à des objectifs professionnels et permettre d'acquérir une qualification, elle ne saurait se résumer à cela : elle ne saurait être une variable d'ajustement en fonction des contingences économiques. Une acception plus large doit permettre aux travailleurs de s'épanouir, de progresser dans leurs savoirs, et ainsi de comprendre les enjeux du monde actuel, ce qu'on appelait « l'éducation permanente ».
Nous proposons donc d'intégrer, dans les objectifs des actions de formation, le développement « de la compréhension des enjeux économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux, permettant aux travailleurs d'appréhender le travail dans sa globalité et d'être des citoyens dans l'entreprise ». C'est un enjeu démocratique mais aussi social et économique, pour que les salariés puissent participer pleinement à leur évolution et à leur réussite.