Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du mercredi 13 juin 2018 à 21h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Cet amendement vise à ce que la formation de l'apprenti contribue à l'acquisition de compétences et de connaissances lui permettant « d'entretenir un rapport informé, critique et émancipé au travail ». Il nous semble important d'aider le futur salarié à être aussi un citoyen éclairé et de faire en sorte que l'apprenti soit traité de la même façon que l'élève d'un lycée professionnel public.

Puisque chacun évoque les activités professionnelles qu'il exerçait avant de devenir député – pourquoi pas, après tout ? – , je précise que j'ai été professeur d'histoire en lycée professionnel pendant vingt-deux ans. Les programmes nous demandent d'enseigner des sujets tels que l'histoire du mouvement ouvrier ou le rapport critique au travail. Cela fait partie de la formation qu'il a toujours été demandé aux enseignants d'apporter à ceux qui seront, demain, des travailleurs, afin qu'ils connaissent l'histoire sociale du pays. Nous ne pouvons pas, les uns et les autres – avec plus ou moins d'authenticité – , regretter qu'il n'y ait pas assez de citoyens travailleurs engagés dans des organisations syndicales si l'on ne fournit pas une explication, un récit, une formation sur l'histoire de ces organisations. Nous devons aussi permettre à chaque apprenti d'entretenir un rapport critique au travail, de comprendre les rapports de forces qui traversent les entreprises et leur évolution.

Bref, pour reprendre le mot du grand Jaurès, « la grande Révolution a rendu les Français rois dans la cité et les a laissés serfs dans l'entreprise ». Le sujet reste totalement d'actualité. Si vous croyez vraiment, comme vous le dites, que l'entreprise est une collectivité dans laquelle tous sont égaux, nous devons permettre à chaque salarié de rompre, ou d'atténuer à tout le moins, le lien de subordination à l'égard de celui qui le dirige.

Il s'agit d'un amendement de bon sens et, si vous refusiez de l'adopter, vous montreriez votre préférence pour les CFA par rapport à l'enseignement public. Or, dans les centres de formation d'apprentis, il y a moins de formation générale dispensée aux futurs salariés. En outre, vous fermez les lycées professionnels. Je défends la formation publique. La polyvalence est un atout dans une société où l'on peut subir des licenciements et elle provient d'un tronc général de connaissances fort.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.