Intervention de Frédéric Petit

Réunion du mercredi 30 mai 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Petit, rapporteur :

La question du football est très symbolique. Les croates bosniens ont souvent un passeport croate en même temps. Pour ces gens-là, quand la Bosnie-Herzégovine joue au football, ils disent « ils » et jamais « nous », car l'équipe de football, c'est historiquement l'équipe des bosniaques. Il y a déjà eu des émeutes à ce sujet. Il faut donc être très prudent.

Madame Boyer, s'il y a un islam qui peut être pacifique, c'est bien l'islam bosnien, qui est un islam courageux et pacifique. Vous avez raison : la Bosnie est annexée par de l'argent qui vient de pays musulmans, notamment du Golfe. C'est vu d'un oeil critique par les Bosniaques. Mais je crois que dans l'histoire de ce peuple et de cette religion dans les Balkans, il y a quelque chose qui n'a jamais été exploité et qui pourrait être un jour perçu comme un modèle d'islam citoyen. Je vous invite à lire un livre intitulé Comprendre l'islam, ou pourquoi on ne peut pas le comprendre.

Quelque chose manque quand on essaie de faire la différence entre asile et immigration : c'est le terme « mobilité ». On parle d'asile et d'immigration, moi je parle de mobilité. Je vous rappelle également un phénomène géographique : si les routes ne passent pas par la Bosnie, c'est parce qu'il est beaucoup plus simple de passer par la Serbie via les autoroutes que l'Union européenne a construites et par la Croatie parce que ça va tout droit. En Bosnie, le risque migratoire est très faible, parce que la Bosnie est un pays montagneux, et que la traversée est compliquée.

La grosse différence entre la Bosnie et l'Albanie, c'est que les Albanais ne sont pas des Slaves : ils ont une langue complètement différente, ils ont été isolés et ont une culture politique qui n'a rien à voir. La relation que les Albanais ont notamment avec cette vendetta dont on parle est très spécifique ; en tout état de cause, cela n'a rien à voir avec la relation que les Bosniens ont avec l'Europe.

Enfin, M. Herbillon, le retard de la Bosnie est dû au fait qu'il n'y a pas d'État solide, et cela va durer. C'est le dernier endroit dans les Balkans à être dans ce cas. Mais cela n'a rien à voir avec la situation migratoire de ce pays.

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