Intervention de Arnaud Schwartz

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Arnaud Schwartz :

Monsieur le président, madame la rapporteure, mesdames, messieurs les députés, mes propos introductifs seront complétés par différents exemples et précisions d'ordre technique apportés par M. Dominique Boutin.

Je souhaite vous lire d'entrée un extrait d'un article, en date du 7 mai dernier, qui relate le propos de Christian Maurel, un sociologue qui a longtemps travaillé chez Renault : « On ne réalise pas les ravages provoqués par l'incompréhension. J'ai assisté à un exercice de crise nucléaire. Il y avait des incompréhensions totales entre les experts et les représentants de la préfecture. Ils ne parlaient pas la même langue. Plus grave, les experts n'avaient pas conscience que ce qu'ils disaient pouvait ne pas être compris par de non-experts. »

Je débute par cette citation car la position du mouvement France Nature Environnement est de considérer la technologie nucléaire et les risques qu'elle présente comme inacceptables pour la société dans laquelle nous avons envie de vivre et que nous voulons voir évoluer, non pas uniquement pour les risques que cette technologie comporte en elle-même, mais également pour ses effets sur le facteur humain. C'est de cela qu'il est question dans l'extrait que je vous ai lu. Un tel aspect est difficilement maîtrisable.

Nous sommes là, aujourd'hui, pour parler de sécurité et de sûreté nucléaire. Avant d'aborder des points techniques, il nous semble opportun de rappeler que c'est sur le plan humain que bien des problèmes peuvent se poser, à commencer par une forme de déni social dans lequel nous nous trouvons encore malgré la loi de 2006 qui a fait évoluer la situation. C'est ainsi qu'il y a occultation de certains scénarios fondés sur des risques liés à la qualité des matériaux employés ou aux réparations effectuées, des risques liés à la perte ou au défaut de transmission de savoirs ; des risques liés à une certaine logique économique qui pousse à réaliser des actions à moindre coût ici ou à vendre une technologie ailleurs, ne s'autorisant pas à expliquer aux potentiels acheteurs que cette technologie serait susceptible de présenter des imperfections. Au-delà des problèmes techniques que nous allons dérouler, n'oublions pas de nombreux risques liés à l'humain – que je pourrais lister en allant jusqu'à évoquer la gestion des déchets nucléaires – avec sa capacité ou son incapacité à gérer cette technologie.

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