Intervention de Dominique Boutin

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Dominique Boutin :

Je connais bien l'ASN de l'intérieur. Je siège aux groupes permanents d'experts, notamment celui qui relatif aux déchets. M. Pierre-Franck Chevet apprécie que les experts passent d'un groupe à l'autre pour prendre la mesure des différents sujets. Les travaux des groupes sont extrêmement intéressants.

Pour en revenir à votre question, ce n'est pas par hasard que M. Chevet réclame du personnel supplémentaire. En effet, l'ASN est confrontée à une multiplication de ses activités. J'ai participé sur le site de Chinon au groupe de travail « Post Fukushima » sur les éléments complémentaires de sûreté (ECS). L'ASN a été contrainte de faire appel à des retraités pour procéder aux inspections car elle ne dispose pas d'assez de personnes compétentes pour mener les instructions, et ce manque se vérifie chaque jour. Les salariés de l'ASN sont, en effet, surchargés. Ils se concentrent sur le « noyau dur », selon une expression du nucléaire, mais doivent délaisser des dossiers annexes. Par exemple, ils n'ont pas le temps de vraiment s'occuper des sols pollués par l'amiante.

Sans remettre en cause leur phénoménale activité, reconnaissons qu'ils n'arrivent pas à tout gérer, alors que les travaux sur les ECS ne sont pas terminés, que l'ASN manque de personnel pour traiter le dossier du grand carénage ; quant aux inspections, elles font ce qu'elles peuvent. Or, des dossiers complémentaires émergent, celui des aciers défectueux, par exemple, qui nécessitent de solliciter le personnel.

Au surplus, la multiplication des sous-traitants pose des difficultés ; leur fonctionnement, en effet, est instable, ce qui oblige l'ASN à remettre en cause ses inspections. Côtoyant les agents de l'ASN, je ressens leur malaise. Ils font très bien leur travail, je ne les critique nullement. Ils manquent de moyens humains et sont obligés de faire des impasses ; ils s'en expliquent très sérieusement, arguant le manque de temps et la surcharge de travail. L'alerte de M. Pierre-Franck Chevet à cet égard doit être entendue. Certes, l'ASN a reçu quelque renfort, mais elle n'est pas à la hauteur de ce qu'attendait le président.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.