Intervention de Dominique Boutin

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Dominique Boutin :

C'est une sorte de site bunkérisé, un gros blockhaus, situé au Bugey. Sa technologie lui permettra de reconditionner les déchets de haute et moyenne activité à vie longue, au moins en attendant que Cigéo accepte les colis. J'ai eu l'occasion de découvrir cette installation qui me semble être une piste intéressante. Actuellement, le bâtiment se visite car il n'est pas encore opérationnel. J'ignore combien de temps il pourra durer. La question relève de la technique. De telles alternatives ont été prises à partir de la loi de 2006. Cette alternative intéressante n'est pas nouvelle, il convient de l'étudier, d'en mesurer tous les avantages, les inconvénients, la technologie. Interrogez M. Laponche, qui est un spécialiste et un technicien de la question des stockages à sec en surface pratiqués en Allemagne et aux États-Unis.

Pour ce qui concerne FNE, nous serions plutôt favorables à des stockages en subsurface et hors sol afin d'éviter les problèmes d'eau et d'enfouissement ; surtout, il est essentiel que l'on puisse récupérer les colis en cas de difficulté, la réversibilité doit être effective. Cela fait des années que nous suivons Cigéo et nous pouvons affirmer que jamais nous ne pourrons récupérer les colis, c'est impensable techniquement. En France, nous avons l'expérience de Stocamine. Interrogez les responsables de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS). Ils vous expliqueront la difficulté à laquelle ils sont confrontés pour sortir, ne serait-ce que quelques colis. Imaginez si l'on devait en sortir 126 000 colis !

Aux États-Unis, l'affaire du Waste Isolation Power Plant (WIPP) a montré que les colis sont coincés une fois pour toutes et que les Américains sont tenus par le système de l'enfouissement. Si les colis étaient entreposés en surface comme au laboratoire national de Los Alamos, on pourrait, en cas de difficulté, les déplacer, extraire un colis du lot afin d'éviter l'effet domino. Sur le plan purement technologique et non idéologique, dans la pratique donc, il faut conserver les colis à proximité afin de les gérer en cas d'aléas techniques. Toute l'activité humaine est faite d'aléas, il faut en prendre acte. Encore une fois, je rappelle le paradoxe de la tranquillité. Ce n'est pas parce que nous aurons enfoui les déchets que nous serons tranquilles. Il faut conserver cette idée présente à l'esprit.

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