Nous sommes ici au coeur de sujets majeurs liés à l'influence et à la diplomatie culturelles, à propos desquels des chantiers sont engagés.
Il est vrai que, dans le cadre de la régulation budgétaire de l'été 2017, le budget de l'AEFE a été diminué de 30 millions d'euros. Cette décision a suscité un important travail d'ajustement, établissement par établissement. Je ne méconnais pas l'inquiétude qu'elle a pu susciter. Nous avons pris conscience qu'il importait de remettre ces sujets à plat et de conduire une réflexion de fond sur la mise en oeuvre de la forte ambition qui est la nôtre. Dans son discours du 20 mars 2018 à l'Institut de France, le Président de la République a annoncé qu'il souhaitait voir doubler le nombre d'élèves scolarisés dans des établissements dispensant un enseignement total ou partiel en français. Du reste, le nombre de ces élèves a crû de façon très régulière ces cinq dernières années.
Une méthode a été instaurée sur ces sujets. D'une part, un travail interne s'est mis en place autour du secrétaire général du Quai d'Orsay, associant des représentants des différents ministères, notamment de l'éducation. D'autre part, nous souhaitons confier une mission à une parlementaire qui connaît très bien l'enseignement français à l'étranger pour y avoir exercé, Mme Samantha Cazebonne, afin de traduire le regard de la représentation nationale. Ce chantier nous mobilisera tout au long de l'année. Y seront associés les parents d'élèves, les professeurs et les personnels. Après les fortes inquiétudes qui se sont exprimées, nous devons mener un travail objectif sur ce sujet et trouver les voies et moyens de conforter l'enseignement français à l'étranger.
S'agissant des postes d'expatriés pour la rentrée 2018, il n'a été annoncé à aucun personnel la fin de son contrat ou de son détachement. Certains d'entre eux sont en revanche arrivés à leur échéance naturelle. De toute évidence, nous devrons en assurer un pilotage stratégique. C'est l'objet des travaux en cours. La logique voudrait que nous adoptions une approche géographique davantage coordonnée avec les priorités qui ont été exprimées. Nous devons en outre examiner les taux « d'encadrement » ou de recours aux recrutés locaux. Certaines zones manquent de résidents ou d'expatriés. Dans d'autres, il est plus facile de recourir à des recrutés locaux d'excellent niveau.
J'en viens au chantier de l'Institut français et des Alliances françaises. Il convient de distinguer le réseau des alliances locales de la Fondation Alliance française. Les alliances locales sont souvent des associations de droit local. Les premières alliances ont vu le jour il y a plus d'un siècle, et elles sont aujourd'hui au nombre de 832 dans le monde. Elles ont la chance de bénéficier de personnalités très engagées, qui collectent des fonds permettant de dispenser un apprentissage du français. Cet écosystème doit être conforté. La fondation Alliance française a elle été mise en place il y a une dizaine d'années, avec le but affiché de mobiliser du mécénat et des ressources externes, au service des Alliances françaises sur le terrain.
Force est de constater qu'une certaine incompréhension a prévalu entre ces deux acteurs. En outre, la fondation n'a pas mobilisé autant de ressources qu'attendu. C'est pourquoi nous avons confié un rapport à M. Pierre Vimont, grand serviteur de l'État s'il en est et dont nous connaissons la pondération et la qualité des conseils. Ce rapport propose notamment la mise en place d'une sorte de fédération des alliances françaises. Sur le terrain en effet, celles-ci se sentaient insuffisamment représentées auprès de la fondation. Je ne vois aucune objection à vous communiquer ce rapport.
Aujourd'hui, nous entretenons un dialogue avec l'Institut français et l'Alliance française Paris-Île-de-France – laquelle avait des relations complexes avec la fondation Alliance française. L'objectif est de rapprocher l'action de l'Institut français avec celle que conduisent les alliances et l'Alliance française Paris-Île-de-France. Peut-être pourrions-nous même envisager une unité de lieu. Tout ceci fait actuellement l'objet de discussions. Nous traversons un moment intéressant de redéfinition, qui nous permettra de repartir de l'avant d'ici quelques semaines ou quelques mois.
Monsieur le président, vous évoquiez le degré de participation financière des parents aux établissements français à l'étranger. À ce stade, la subvention au titre du programme est de l'ordre de 395 millions d'euros, soit une participation des parents de 60 %. Quant à la situation particulière que vous avez mentionnée, elle ne résulte pas exclusivement de décisions prises par le gouvernement français mais tient également à des règles de droit local. Naturellement, nous devons en tenir le plus grand compte. Il est manifeste que les parents contribuent de façon décisive à cet enseignement français, raison pour laquelle il sera important qu'ils puissent être pleinement écoutés et consultés dans le cadre des travaux que nous conduisons sur l'AEFE.