Au risque de bousculer le ronronnement de cette commission, je voudrais dire ma stupéfaction quant à la façon dont elle se déroule. Depuis huit heures et demie ce matin et jusqu'à dix heures quarante-sept, monsieur le président, vous avez donné la parole aux différents rapporteurs. Nous avons entendu presque exclusivement des représentants de La République en Marche, hormis dix minutes accordées à M. Le Fur. En outre, la teneur des débats est particulièrement technocratique. Cela ne peut que susciter mon inquiétude. Il est certes besoin d'un contrôle, mais des séances organisées de la sorte sont intenables – alors même qu'a lieu un débat sur le logement dans l'hémicycle. Le rythme et la façon même dont se déroule ce débat démocratique sur le contrôle ne me paraissent absolument pas au niveau des enjeux qui sont les nôtres.
Sur les deux minutes qui me sont allouées, il m'en reste donc une pour parler de l'aide extérieure de la France et de l'aide au développement.
Je me contenterais donc de vous dire ma colère sur l'aide publique au développement. L'objectif affiché par le président de la République, de consacrer à celle-ci 0,7 % du RNB, ne risque pas d'être atteint. Il était du reste en deçà des besoins, puisqu'un taux de 0,9 % était nécessaire pour mettre à niveau la contribution de la France. Pour autant, 106 millions d'euros de crédits n'ont pas été utilisés pour le programme 209. Monsieur le ministre, pourquoi ces crédits n'ont-ils pas été engagés ?
Ma colère se porte aussi sur l'action extérieure de la France. Il me semble en effet que la diplomatie française est un atout considérable dans un monde instable. Dans ce contexte, la réponse ne peut pas consister uniquement en une participation financière toujours plus soutenue à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) ou à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et toujours plus réduite pour la diplomatie. La logique de guerre est patente dans votre stratégie, tandis que manquent les outils qui permettraient de créer un rapport de forces de nature diplomatique. Dans ce domaine, non seulement le budget a baissé de 2 % depuis 2016, mais encore des coupes considérables sont prévues jusqu'en 2020. À cela s'ajoutent, là encore, des crédits non exécutés qui nous inquiètent.
Nous pouvons certes envisager que la diplomatie doive être repensée, de même que les modalités d'affectation des budgets. Toutefois, ceci ne doit pas se faire au prix d'ambassades françaises couplées avec celles d'autres pays européens – cela nous paraîtrait absolument incorrect – et certainement pas au prix d'une diplomatie considérablement amputée. Une telle perspective serait on ne peut pas plus dangereuse dans le moment que nous traversons.