J'interviens au nom du groupe La France insoumise. Le rapport de performances qui nous a été communiqué est très alarmant. L'information principale qu'il contient est, à notre sens, constituée par le montant des autorisations d'engagement qui n'ont été ni consommées ni reportées, soit plus de 1,3 milliard d'euros – une somme dont le montant est tout aussi énorme qu'inexplicable, car les armées avaient un besoin urgent de cet argent. Je rappelle que c'est d'ailleurs la décision du Président de la République de procéder à l'annulation de 850 millions d'euros de crédits qui est à l'origine du départ du général de Villiers. Sur la somme s'élevant à 1,3 milliard d'euros, c'est la préparation des forces qui a payé le plus lourd tribut, à savoir près de 878 millions d'euros, et leur équipement qui en a pâti pour 247 millions d'euros.
Bon nombre d'indicateurs de performance permettent de prendre la mesure du problème. Le taux de réalisation des opérations principales d'armement est de 66 % – vingt points en dessous de l'objectif de 85 %. Les retards qu'a connus l'armée vont donc continuer, les hommes seront moins bien équipés et les coûts seront alourdis. Le taux de réalisation des opérations d'armement relatives à la dissuasion n'est même pas documenté : c'est encore l'opacité qui domine sur ce sujet sensible. Le taux de réalisation des inspections des sites du domaine militaire et industriel par la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) est très bas : 58 % au lieu des 98 % visés. Il ne nous reste qu'à espérer qu'aucune vulnérabilité n'aura été exploitée à cause de cette déficience !
La capacité à intervenir de la marine continue de se dégrader : à peine 60 % des besoins seraient actuellement couverts, et le nombre d'heures de vol de préparation des pilotes est nettement en dessous des besoins – on évoque même une perte de qualification, par exemple en matière d'appontage.
La disponibilité et l'usure des matériels sont toujours aussi problématiques. Ainsi, le rapport dit explicitement que la hausse de disponibilité des véhicules de l'avant blindés (VAB) ne doit pas faire illusion et masquer un déficit d'alignement des formations.
La surchauffe est patente également dans l'armée de l'air, sollicitée à 140 % de ses capacités dans la gestion des crises. Derrière ces chiffres, il faut bien comprendre qu'on parle, en réalité, de la sécurité des hommes et des femmes engagés au service de la France, notamment au Mali, dans une guerre qui s'enlise et pour laquelle le Gouvernement ne dispose manifestement d'aucun plan de sortie.
Le budget 2017 n'était pas à la hauteur des missions et vous l'avez encore amputé : il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir.