À la fin des années 1980, des études lourdes ont été menées au niveau européen, auxquelles la France participe. Ce sont alors l'Institut pour la protection de la santé naturelle et l'Andra qui travaillent sur la manière de montrer la sûreté d'un stockage. À la fin des années 1980, un rapport annonce des outils qui permettront de montrer la sûreté d'un stockage.
La loi de 1991 institue une commission nationale d'évaluation : au cours des années 1990 et ensuite, elle pousse l'Andra à perfectionner sa compréhension des phénomènes étudiés et joue un rôle critique central. La Commission nationale d'évaluation oblige l'Andra à préciser ses recherches et ses connaissances de l'ensemble des phénomènes qui influent sur la connaissance du stockage. Dans le même temps, les outils numériques de l'Andra évoluent peu. L'Andra utilise des modèles et des outils de simulation de vie numérique qui sont assez différents. Elle dispose d'outils numériques de simulation qui permettent d'étudier la physique de tous les phénomènes : la dégradation du béton, les évolutions géologiques… Ces logiciels ne sont pas spécifiques à l'Andra, ce sont les logiciels des géologues, des géophysiciens, des géochimistes. L'Andra dispose également d'outils numériques qui lui sont spécifiques et qui permettent de calculer l'impact radiologique en surface.
Un nombre élevé de phénomènes influe sur l'évolution du stockage. Au cours des années 80 et au début des années 1990, les chercheurs ont l'espoir d'agglomérer tous les modèles spécifiques pour construire un modèle global. Il est cependant difficile de concevoir de tels outils ; aussi, à la fin des années 1990, un décalage se fait jour entre des modèles de différents types communs aux différentes communautés scientifiques et ce modèle de sûreté dans lequel les représentations de l'évolution du stockage sont très simplifiées par rapport aux représentations qui décrivent chaque phénomène spécifique et que la CNE a rendues plus complexes par ses questions. Dès lors, au début des années 2000, l'Andra anticipe 2005 et la nécessité de devoir rendre un rapport au Parlement. Des échanges entre la CNE et l'Andra, émerge alors un écart entre les deux types de modèles qui est trop important pour être convaincant. Il n'est plus possible de montrer la sûreté d'un stockage par un seul calcul de l'impact radiologique. Une dynamique parallèle et plus large que la problématique des déchets nucléaires porte sur la question de l'expertise qui change fortement entre les années 90 et 2000. Un ensemble de crises sur des questions technoscientifiques – les organismes génétiquement modifiés, le sang contaminé, l'amiante – remet en cause le savoir des experts dans l'arène publique. Il semble alors difficile d'adopter une posture arrogante au point d'affirmer que tous les calculs ont été faits et que personne ne peut douter que cela va bien se passer !
Au début des années 2000, la politique qui se met en place à l'Andra dans l'objectif du rendez-vous de 2005 est bien plus humble et modeste. On assiste à une transformation de la manière dont les experts envisagent publiquement de convaincre. On est donc passé de l'espérance d'une simulation de calcul à une approche multiple bien plus complexe, qui consiste à montrer que l'on a entrepris tout ce qu'il est possible d'entreprendre pour évaluer la sûreté du stockage.