Plus sérieusement, au-delà d'un beau slogan, le Printemps de l'évaluation revient à calquer la procédure du projet de loi de finances initial, avec les commissions élargies où l'on vient discuter des rapports annuels de performances. Concrètement, le Printemps de l'évaluation, ce sont donc des commissions élargies auxquelles on donne un périmètre encore plus large. Des rapporteurs spéciaux viennent s'y exprimer après avoir mené quelques auditions dans leur coin – puisque, vu le rythme de nos travaux, ils se retrouvent un peu seuls dans cet exercice.
J'ai ainsi assisté à la réunion de la commission d'évaluation des politiques publiques sur plusieurs missions : « Sécurités », « Immigration, asile et intégration » et « Administration générale et territoriale de l'État ». Tout cela fut traité en deux heures trente, et j'ai eu, pour ce qui me concerne, deux fois deux minutes pour évaluer. Deux questions de deux minutes pour mener mon évaluation ! Et encore, j'ai pu prendre la parole deux fois car j'ai pris deux minutes pour le compte de mon groupe : c'est vous dire la chance que j'ai eue ! Quatre minutes pour évaluer ! Et évaluer quoi ? J'ai posé au ministre une question technique à laquelle il n'a pas su répondre sur le moment. L'externalisation de la gestion des frais médicaux au sein de la police nationale, lui ai-je demandé, a-t-elle coûté plus cher que le système précédent de gestion en interne ? « Monsieur le député », m'a-t-il répondu, « je crois que nous allons continuer la substitution en augmentant le nombre de personnels administratifs ». Il y a donc eu un léger quiproquo, le ministre n'ayant pas très bien saisi le sens de ma question, non plus que le membre de son cabinet qui l'accompagnait. Nous nous sommes expliqués sur ce point à l'issue de la réunion, mais ne disposer que de deux minutes et n'avoir pas de réponse à la question qu'on pose, cela ne plaide-t-il pas pour que l'on revoie le mode de fonctionnement ?