Un peu de suspense n'est pas superflu, mes chers collègues, surtout à vingt-trois heures trente.
Pour répondre à cette question, je souhaiterais évoquer trois points. Le premier est celui de la sincérité. Ce mot a beaucoup été entendu depuis l'été dernier et même auparavant. Or c'est au nom de cette sincérité des comptes que vous avez décidé à l'été dernier de procéder à deux décrets d'avance et à des coupes budgétaires dans le cadre des lois de finances rectificatives.
Vous disposiez pourtant d'une réserve de précaution de 13 milliards, qui vous laissait une marge de manoeuvre. Vous avez préféré ponctionner 5 euros par mois aux 6,5 millions de Français qui perçoivent l'aide personnalisée au logement et couper les emplois aidés. S'agissant de ces derniers, je ne partage pas vos propos, monsieur le ministre, puisque les emplois aidés, y compris sous Nicolas Sarkozy dans les années 2007-2012, ont toujours été votés en deux phases chaque année. L'année 2017 n'avait donc rien de spécifique en la matière.
Vous avez également préféré rogner la dotation d'équipement des territoires ruraux. Au total, sur le budget général, hors remboursements et dégrèvements et hors mesures techniques sur les fonds de concours, vous avez annulé pour 4,2 milliards d'euros via les deux décrets d'avance.
Or la sincérité, monsieur le ministre, eût été de considérer également les recettes. Il est évident qu'à l'été dernier ni vous ni personne ne pouviez prévoir que la croissance économique connaîtrait, sur l'année 2017, une hausse de 2,2 %, ce qui a permis de faire entrer des recettes supplémentaires dans les caisses de l'État.