Intervention de Anthony Fardet

Réunion du mercredi 6 juin 2018 à 11h00
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Anthony Fardet, chercheur au département nutrition humaine de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et à l'Université Clermont Auvergne, spécialiste en nutrition préventive :

D'autres facteurs interviennent dans la notion de longévité et de morbidité, comme la pollution, le manque d'activité physique, etc. Mais l'alimentation est importante parce que c'est le facteur sur lequel vous pouvez agir immédiatement. Dès que vous serez sortis de cette salle, vous pourrez en effet modifier votre alimentation, tandis qu'il vous sera peut-être plus difficile de vous mettre au sport. Quant à la pollution, vous ne pourrez pas la réduire tout de suite en sortant ! Ce que je veux dire, c'est que le levier actionnable le plus rapidement et le plus efficacement, c'est l'alimentation, car l'aliment ultra-transformé – les Brésiliens l'ont très bien démontré dans ce guide – est un indicateur holistique de la dégradation de toutes les dimensions de la durabilité quand il devient la base.

En France, on consomme entre 36 % et 40 % de calories ultra-transformées par jour et dans les pays anglo-saxons on atteint 40 % à 50 %. Dans les pays d'Amérique émergents, on en consomme environ 25 %, mais la courbe de progression y est énorme, ce qui veut dire que le marché n'est pas saturé – en France, comme le marché est saturé, la courbe est beaucoup plus basse. La situation mondiale est donc quasiment dramatique. Il faut quand même savoir que le taux de diabète de type 2 est de plus de 20 % en Arabie Saoudite, de plus de 15 % à Mexico, et l'OMS prévoit qu'en 2030 le diabète sera la septième cause de mortalité dans le monde. Le diabète n'a jamais autant tué, sans compter toutes les conséquences de cette maladie sur la santé, comme les amputations ou la cécité.

Le grand génie des Brésiliens est d'avoir, au sein de cette masse de produits transformés, identifié ceux qui posent problème. Transformé ne veut pas dire forcément modifié et mauvais, et il y a beaucoup d'entreprises qui font de formidables aliments industriels. Les Brésiliens ont juste pointé du doigt la catégorie d'aliments qui pose problème. Il était temps que ce concept soit défini de façon scientifique. Actuellement, près d'une centaine d'études ont été faites avec NOVA, et il y en aura de plus en plus. J'espère que l'on progressera dans ce sens-là.

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