Intervention de Anthony Fardet

Réunion du mercredi 6 juin 2018 à 11h00
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Anthony Fardet, chercheur au département nutrition humaine de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et à l'Université Clermont Auvergne, spécialiste en nutrition préventive :

C'est vrai, on ne peut pas résumer un score. D'ailleurs je ne suis pas forcément partisan d'un étiquetage nouveau. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il suffit peut-être de demander aux consommateurs de lire les étiquettes.

Il faut toujours raisonner selon la règle des 3V que j'ai énoncée, ma troisième règle étant de consommer un produit si possible bio, local et de saison. Cela dit, les trois règles sont indissociables. Je n'ai pas réussi à en ajouter une quatrième. Et si l'on enlève une de ces trois règles, ça ne marche plus.

Pour le moment, j'ai très confiance en ces trois règles. Mon métier, ce n'est pas la toxicologie ni la sécurité alimentaire, mais on sait qu'un produit bio, notamment végétal, a plus d'antioxydants : comme la plante est moins aidée pour se défendre, elle va se défendre elle-même et développer plus d'antioxydants. On sait aussi qu'un produit laitier issu d'une vache élevée à l'herbe bio a une meilleure teneur en oméga 3, et l'on encourage le consommateur à en consommer davantage. Nous réfléchissons à introduire dans le score des notions plus larges de durabilité – bio, local et de saison. Mais on ne sait pas si c'est à nous de le faire, car d'autres le font peut-être mieux que nous.

Monsieur Julien-Laferrière, on peut consommer sans problème des barres de céréales en montagne. En fait, les produits ultra-transformés devraient être utilisés ce pour quoi ils ont été créés initialement, c'est-à-dire pour dépanner à l'occasion, en raison de leur praticité et de leur longue conservation. Les produits ultra-transformés peuvent jouer un vrai rôle, par exemple chez les personnes âgées dénutries, les sportifs, les soldats, dans l'espace. Enfin, je pense que fractionner et recombiner les ingrédients participe d'un besoin créatif de l'homme. Il ne s'agit pas d'exclure les produits ultra-transformés : ils doivent rester des aliments d'exception, d'occasion, mais ils ne doivent pas non plus constituer la base de l'alimentation, comme ils sont en train de le devenir.

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