Je vous remercie pour cette question car je souhaitais en effet développer ce sujet.
Les règles d'agréage – c'est le terme – des grandes surfaces concernant les produits bruts que sont les fruits et légumes jouent un grand rôle dans l'utilisation de pesticides. C'est une évidence.
J'ai donné l'exemple de la banane mais il en va de même pour la pomme. Avoir des pommes complètement lisses, brillantes, sans une seule tache, sans tavelure, n'est absolument pas naturel et demande une utilisation massive de pesticides.
L'éducation du consommateur est, sur ce point, capitale, et la grande distribution a dans cette éducation un rôle majeur à jouer. L'Éducation nationale doit certes apprendre aux enfants qu'une pomme n'a pas à être brillante et lisse. Mais le secteur de la grande distribution doit aussi rééduquer le consommateur.
Plusieurs initiatives ont été lancées par des distributeurs comme les fruits et légumes moches il y a quelques temps. Mais ces initiatives qui n'ont pas eu de suite tenaient plus du « coup de pub » que de l'effort à long terme.
Il serait intéressant de voir se généraliser la vente de fruits et légumes moches parce qu'ils ont des formes un peu bizarres mais aussi parce qu'ils présentent des taches ou d'autres défauts. Je ne crois pas que ces défauts seraient un problème pour le consommateur.
Il est tout à fait possible de dire au consommateur : « Voilà, votre pomme a quelques taches mais, si vous la pelez, elle n'a absolument plus aucune différence avec une pomme belle et brillante comme celle de Blanche-Neige. Mais sachez que cette pomme qui a des taches a reçu deux fois moins de traitements. » Le consommateur me semble prêt à entendre ce message.
Concernant les propriétés industrielles des matières premières – on peut les appeler ainsi – destinées à être transformées, le changement est autrement difficile puisqu'il s'agit de faire évoluer des process industriels. L'industrie agroalimentaire a beaucoup optimisé ses process de production pour optimiser les coûts dans le cadre d'une compétition au niveau mondial.
Changer les process de fabrication des aliments industriels sera donc beaucoup plus complexe.