Intervention de Arnaud Gauffier

Réunion du jeudi 7 juin 2018 à 9h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Arnaud Gauffier, responsable du programme Systèmes alimentaires durables à WWF France :

Le volet des protéines animales, et pas uniquement des protéines carnées puisque la consommation de poisson est aussi un problème majeur, n'est pas traité de façon satisfaisante par le PNNS.

Celui-ci recommande toujours de manger au moins une fois par semaine un poisson gras, surtout pour l'aspect nutritionnel qu'est l'apport en oméga-3.

Les ressources halieutiques sont cependant dans un état tel que continuer à préconiser de manger du poisson essentiellement pour l'apport en oméga-3 ne nous paraît pas une bonne recommandation. En effet, cette recommandation ne permet pas le renouvellement et la préservation des stocks de poisson au niveau mondial.

Il n'en va pas différemment pour les poissons gras issus de l'aquaculture, qui sont majoritairement des poissons carnassiers, mangeant du poisson, et qui nécessitent donc de la pêche minotière pour être nourris. Les impacts de l'élevage de saumon ou de bars sont donc identiques à ceux de la pêche, voire pires.

Or, l'apport d'omega-3 peut se faire par d'autres canaux comme une part plus importante d'huiles de colza ou de tournesol non raffinées, qui sont très riches en oméga-3, ou des apports en produits animaux issus d'élevages raisonnés. Une vache élevée à l'herbe produira un lait beaucoup plus riche en oméga-3 qu'une vache alimentée avec du soja et de l'ensilage de maïs.

Les recommandations du PNNS portant sur les apports en viande n'ont pas non plus suffisamment évolué. On pourrait très facilement remplacer chaque semaine dans notre alimentation une part de viande par une part de protéines végétales. C'était ce que proposait l'amendement en faveur des menus végétariens dans les cantines scolaires, qui n'a malheureusement pas été adopté alors qu'il aurait été un bon moyen pour engager la transition vers une alimentation plus végétale.

On nous a opposé l'argument du choix des enfants. Mais il ne faut pas se leurrer, les enfants des écoles n'ont guère le choix et, s'ils ne veulent pas manger de viande, ils mangent plus de légumes. Introduire au moins une fois par semaine dans les menus des cantines une légumineuse ou des protéines végétales qui, lorsqu'elles sont bien cuisinées, sont aussi bonnes que de la viande, permettrait de commencer à enclencher cette transition.

L'innovation technologique a aussi un rôle à jouer pour réhabiliter les protéines végétales. C'est une évidence : on ne mange plus comme on mangeait au début du XXe siècle, car les consommateurs ont moins le temps de cuisiner qu'alors. Je connais peu de personnes qui achètent des pois chiches secs et passent 48 heures à les réhydrater.

L'innovation technologique a donc son mot à dire pour que les protéines végétales soient un peu plus intéressantes en rendant leur utilisation plus facile, en améliorant leur goût ou en fabriquant de la « simili-viande » afin d'amener les « vrais carnivores » à une alimentation plus végétale.

La conserve peut aussi être le moyen de réhabiliter les protéines végétales. Je parlais des pois chiches. Aujourd'hui, tout le monde achète ses pois chiches en conserve humide, ce qui ne nécessite pas de les réhydrater. Les lentilles peuvent également être achetées en conserve humide, prêtes à manger ou à cuire.

La technologie alimentaire a donc des aspects positifs lorsqu'elle ne propose pas des aliments à base végétale très transformés et comportant tant d'additifs que, sur le plan nutritionnel, ils sont parfois plus délétères que les protéines animales !

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