Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du jeudi 14 juin 2018 à 9h45
Commission d'enquête chargée de tirer les enseignements de l'affaire lactalis et d'étudier à cet effet les dysfonctionnements des systèmes de contrôle et d'information, de la production à la distribution, et l'effectivité des décisions publiques

Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé :

J'ai mieux compris. La question que vous posez est évidemment issue de la lecture que nous avons a posteriori de cette affaire, qui concerne le secteur alimentaire. Mais le problème est que, lorsque la DGS identifie une épidémie, au départ, elle ne sait pas si elle est ou non d'origine alimentaire ; d'ailleurs, dans les trois quarts des cas, elle ne l'est pas.

Si on associe dans une même direction la gestion de la crise sanitaire, l'alimentaire et le contrôle, on sera en difficulté pour tout ce qui n'est pas alimentaire. Or il nous faut être efficients quelle que soit l'origine de la crise. À vouloir tout centraliser, on risque de passer à côté d'épidémies. On ne sait qu'a posteriori qu'une épidémie est d'origine alimentaire : il faut remonter la chaîne, faire des enquêtes. Cela suppose tout un travail. Et encore une fois, dans les trois quarts des cas, la DGS travaille sur d'autres épidémies ou d'autres problématiques sanitaires.

Je pense donc que l'on prendrait un risque à fusionner, précisément parce que chacun doit être dans son rôle. En revanche, on doit veiller à une très forte coordination de l'information. Et peut-être faut-il que cette information soit unique, pour ne pas communiquer séparément et différemment.

Tout fondre dans une administration, c'est sous-estimer tous les types d'alerte que la DGS gère aujourd'hui. La réunion de sécurité sanitaire du mercredi matin rassemble la DGAL, la DGCCRF, et bien d'autres administrations centrales. Le problème peut venir du matériel médical, d'une aération, d'un acte terroriste, etc. Et il faut souvent du temps pour en déceler l'origine. Je peux vous donner l'exemple de la rivière Cavu, en Corse, qui a été à l'origine d'une épidémie de bilharzioses urinaires. Il a fallu des mois pour se rendre compte que les personnes qui souffraient de cette infection s'étaient baignées, pendant leurs vacances, dans cette petite rivière.

N'ayons donc pas une lecture uniquement liée à cette crise-là. On peut faire mieux, mais ne bouleversons pas aujourd'hui un système de sécurité sanitaire qui, en général, est extrêmement performant.

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