Je vais bien parler des laboratoires de bactériologie en santé humaine et des CNR, et pas du tout des laboratoires de contrôle de l'alimentation.
Nous sommes en contact avec des milliards de bactéries tous les jours, et nous en avons des milliards dans le corps. Tout un chacun est à même de faire une infection bactérienne par un contact environnemental, un dérèglement de la flore intestinale, etc. Donc, ce qui va compter dans une alerte sanitaire, ce n'est pas de trouver une souche pathogène puisque, par définition, n'importe quelle souche peut être pathogène à partir du moment où elle émerge par rapport aux autres. D'une certaine façon, la notion de souche pathogène est « individu dépendante », elle est « situation clinique » dépendante, et, potentiellement, n'importe quelle souche, à partir du moment où elle prolifère, peut-être pathogène.
Ce n'est pas parce qu'un jour quelqu'un est infecté par une salmonella Agona qu'il y a forcément une épidémie. La personne a pu entrer en contact avec elle en touchant un meuble, etc.
Ce qui va déclencher l'alerte sanitaire, c'est l'apparition d'un nombre de cas qui dépasse la variabilité de saison. De fait, on suit toutes les souches dans les CNR, d'année en année, de mois en mois, et l'on sait, par exemple, que l'on identifie, en moyenne, 900 cas de salmonella Agona par an. Si l'on identifie 20 cas en une semaine et que cela touche des enfants nouveau-nés, on est en face d'un signal de non-variabilité liée au hasard, qui justifie que Santé publique France ouvre une enquête.
C'est un système qui est pensé sur le plan épidémiologique, et tous les pays du monde fonctionnent ainsi. On ne peut pas suivre toutes les bactéries de tous les Français, parce qu'on serait confronté aux contaminations permanentes de tous.
Ce système qui est pensé mathématiquement, avec des logiciels, des algorithmes, est très robuste. D'ailleurs, notre pays a mis en évidence cette épidémie, qui n'a pas été mise en évidence dans les autres pays.