Je ne suis pas tout à fait d'accord avec mon collègue sur la durée de vie des cadres et des ouvriers. Les gens qui arrivent aujourd'hui en fin de vie ont 80 ou 85 ans et ont donc vécu le travail des années 1980 et non celui de 2010. Je ne suis pas convaincu qu'un jeune ingénieur de 25 ans qui travaille 12 heures par jour, peut être appelé 24 heures sur 24 sur son smartphone et s'attend à tout moment à des accidents graves pour lesquels il peut se retrouver devant le juge, ou à subir une grève ou des problèmes techniques, des pannes, arrivera à l'âge de 85 ans. Dans 20 ou 30 ans, les statistiques auront peut-être complètement basculé dans l'autre sens. Je vis les deux métiers et je vois des ouvriers qui travaillent dans des lignes de fabrication : ils sont assis à des pupitres et appuient sur des boutons. Je ne dis pas qu'ils n'ont pas de stress, mais ils en parlent beaucoup plus et en ont peut-être moins que leur chef qui essaye de faire fonctionner les lignes et qui doit gérer de nombreux problèmes.
Les plus jeunes qui travaillent dans nos lignes n'ont pas du tout la mentalité des gens plus mûrs ; ils pensent à leurs loisirs, à partir en congés, ne sont pas intéressés pour travailler le dimanche alors même qu'ils n'ont pas d'argent. Ce sont les quinquagénaires qui acceptent de travailler le dimanche. Ce changement de mentalité est une donnée qu'il faudra intégrer.