La sous-traitance est un sujet que nous connaissons bien. Tout ce qui n'est pas l'activité principale de l'entreprise tend aujourd'hui à être sous-traité : maintenance, emballage, transport, etc. Des ateliers complets passent en sous-traitance.
Nous avons beaucoup travaillé sur l'aspect prévention, sur la base de contrats de sécurité entre ces entreprises et nous-mêmes, où, globalement, nous imposons nos contraintes aux entreprises et ces entreprises nous imposent leurs contraintes. C'est un échange, car nous générons des risques sur eux et ils génèrent des risques sur nous. Cela ne marche pas trop mal car les entreprises qui prennent les ateliers en sous-traitance sont en général de grandes entreprises, un peu comme la nôtre, qui connaissent bien la réglementation.
Parallèlement, nous avons d'autres sous-traitants, sur de petits travaux ponctuels, par exemple quand nous faisons venir un plombier pour une réparation. C'est alors très compliqué car ces gens ne connaissent pas du tout l'industrie et nous avons alors l'impression de parler une langue étrangère. Nous suivons les statistiques de ces gens : taux de gravité des accidents de travail, taux de fréquence interne et extérieure, etc. Nous faisons aussi énormément d'accompagnement aux entreprises. Chaque entreprise a un parrain sur le site.
Nous allons bientôt démarrer les arrêts d'été : quelques milliers de personnes vont venir travailler chez nous pour dix jours, quinze jours, trois semaines. Nous faisons de la formation au rouleau-compresseur – 400 ou 500 personnes sur une demi-journée –, formation au cours de laquelle nous parlons bien sûr de sécurité et de santé, d'accidents, de maladies professionnelles. Il y a encore quelques années, nos statistiques d'accidentologie d'entreprises extérieures étaient dramatiques – les indicateurs étaient quatre à cinq fois pires que ceux de notre propre entreprise –, mais aujourd'hui les chiffres sont quasiment identiques.
Nous avons en outre énormément de travail temporaire. Sur des lignes de fabrication, nous sommes globalement à 40-50 % de travailleurs temporaires. Le nouvel intérimaire est formé par l'ancien intérimaire, vu que nous n'avons plus de personnes qui tiennent ces postes. Nous n'avons plus qu'un seul prestataire de travail temporaire sur le site, que nous rencontrons quasiment une fois par semaine, pour parler de sécurité et de santé. Chaque fois qu'un accident a lieu dans ce cadre, nous procédons à la même enquête, exactement, que pour chez nous. Nous notons nos intérimaires comme nous notons nos salariés et certains, s'ils ont de la chance, peuvent se faire embaucher au bout de 18 mois. Avec le temps, les résultats s'améliorent, avec beaucoup moins d'accidents.
Là où nous rencontrons encore pas mal de problèmes en termes d'accidents, c'est dans les transports. Quand j'ai commencé à travailler, les deux tiers de nos produits partaient en train et un tiers par camion, mais aujourd'hui c'est l'inverse, et avec les grèves de la SNCF nous mettons encore un peu plus de camions sur les routes, avec des routiers polonais ou tchèques, ce qui, en termes de sécurité, est extrêmement compliqué. Nous les voyons venir à l'atelier en tongs, en short ; ils viennent avec femme et enfants installés au fond de la cabine du camion ; si un problème survient quand on charge des bobines et que le camion se fait écraser, la femme et les enfants du routier seront écrasés. Ce sont des situations complètement folles.