Vous nous avez interrogés sur les trois pathologies : risque mécanique, risque chimique et troubles musculo-squelettiques. Le code du travail encadre précisément le risque mécanique, tout comme le décret n° 93-40 du 11 janvier 1993 sur la mise en conformité des équipements. Les entreprises ont donc investi pour réduire ce risque et le nombre d'accidents du travail sur machines a chuté de manière vertigineuse.
En matière de risque chimique et de produits dangereux, l'exemple de l'amiante est parlant. L'amiante n'est plus utilisé : on l'a d'abord remplacé par des fibres céramiques réfractaires, puis on s'est rendu compte que ce n'était pas très bon. Actuellement, on utilise plutôt des fibres biosolubles. De même, le trichloréthylène a été remplacé par d'autres produits moins toxiques. Les entreprises réalisent donc un travail phénoménal pour substituer, voire supprimer, ces produits dangereux.
À l'inverse, en matière de risques psycho-sociaux, la situation est dramatique : ils sont en croissance exponentielle. Vous avez évoqué des suicides. Nous n'en sommes pas encore là dans notre entreprise, mais un à deux salariés « pètent un plomb » tous les mois et sont ensuite arrêtés de six mois à un an. Le coût de ces arrêts de travail est sans commune mesure avec la plupart des accidents de travail, des TMS ou même des cancers liés à l'amiante !
Changeons désormais notre fusil d'épaule, parlons de la qualité de vie au travail et réduisons les RPS pour tous les salariés ! Ce sera un immense progrès. Il faut surtout que les entreprises considèrent les salariés comme des êtres humains, et non comme des matricules. Actuellement, on demande à longueur de temps des comptes et du « reporting » aux opérateurs comme aux chefs de service. On demande aux salariés d'appliquer des directives dont ils ne comprennent pas le sens : elles peuvent venir de Londres pour ArcelorMittal, mais elles peuvent venir d'ailleurs aussi.
Je vais prendre un exemple concret : dans mon entreprise, le site a été sécurisé et des tourniquets installés. Mais ils comportent quatre brins – à la demande d'une personne probablement extrêmement intelligente de la maison-mère, Arcelor Mittal – contre trois pour les tourniquets classiques. Il s'agissait d'éviter que deux personnes ne passent ensemble. Résultat : une personne seule ne passe pas non plus, pour peu qu'elle soit un peu volumineuse ou qu'elle ait un sac ! C'est un exemple absurde, prouvant l'intérêt de demander l'avis des salariés avant de prendre des décisions, sauf à vouloir courir au désastre. Ces tourniquets vont être démontés alors qu'ils n'ont pas servi ! Ces 500 000 euros n'auraient-ils pas été mieux utilisés pour améliorer la santé ou la sécurité des salariés ? Par exemple, cela fait des années que nous demandons l'installation de tables pour manger dehors quand il fait beau et cela a toujours été refusé au motif que c'était trop coûteux…
Si, dès le début, on avait associé le CHSCT au projet et réfléchi avant d'installer ces tourniquets, on aurait généré moins de mécontentement, donc moins de stress.