Pour évaluer le caractère stratégique du recyclage, il faut mettre en parallèle l'effort industriel qui a été nécessaire pour créer cette compétence. Après l'avoir créée, il est très important de la valoriser. Au niveau industriel, nous avons cette chance d'être, effectivement, les seuls au monde à en disposer. D'autres, nos concurrents russes, par exemple, savent recycler des matières mais pas au même rythme que nous. Nous avons l'expertise scientifique avec le CEA, mais aussi la maîtrise industrielle héritée de générations de techniciens et d'ingénieurs qui savent recycler l'ensemble de la production du pays chaque année.
Ce savoir-faire permet d'économiser l'uranium naturel à hauteur de 25 % et de bien conditionner les déchets. À ceux que vous avez cités, j'ajouterais un avantage : le conditionnement des déchets dans cette matrice vitrifiée est très sûr et il participe, selon tous les avis rendus cette année par l'ASN et l'IRSN sur CIGEO, à la sûreté du stockage. Le Japon est aussi dans cette filière de recyclage, principalement par le biais de procédés que nous lui avons fournis, ce qui a été à l'origine d'un partenariat renouvelé et de l'entrée d'actionnaires japonais dans notre capital cette année. Nous avons la chance d'avoir une filière de recyclage. Comme chef d'entreprise et comme citoyen, je m'attache à la défendre.
J'en viens à votre question concernant les 4 % de matières qui ne sont pas recyclées. Nous nous attachons déjà à être très efficaces sur les 96 % qui le sont et nous reconnaissons que nous ne sommes pas complètement parfaits. Nous menons des recherches pour valoriser certains éléments rares, présents dans ces 4 % et produits par la réaction nucléaire. Il est un peu tôt pour vous en parler : les équipes ont besoin d'un peu plus de temps pour réduire encore la part de déchets conditionnés dans la matière vitreuse. Il en restera toujours mais notre démarche industrielle est de réduire progressivement ce taux de 4 %.