Nous partageons les objectifs de sécurité routière qui ont été annoncés par le Premier ministre et nous soutenons dix-sept des dix-huit mesures annoncées par le Gouvernement. Cependant, je voudrais rappeler que le risque zéro n'existe pas, que le seul fait de vivre nous expose au risque de mourir et que rechercher le risque zéro en la matière est absurde, surtout en le faisant de cette façon. Pourquoi retenir une limitation à 80 kmh plutôt qu'une à 70 kmh ou à 30 kmh ? Pourquoi ne pas aller jusqu'à supprimer la voiture, outil essentiel de la mobilité dans nos territoires ruraux, où la plupart des foyers disposent de deux ou trois voitures pour aller travailler, nous soigner, étudier, etc. ?
Les accidents survenus sur le réseau secondaire constituent 55 % des accidents mortels, ce qui montre bien que la première cause d'accidents mortels en France est bien l'état du réseau routier, qui nécessiterait que l'État investisse dans l'entretien du réseau routier national. En Ardèche, la RN102 comporte encore certaines portions où un poids lourd et une voiture ne peuvent pas se croiser…
L'État doit aussi donner les moyens aux collectivités locales d'investir pour sécuriser le réseau routier. À l'heure actuelle, les motards représentent plus de la moitié des victimes mortelles sur nos routes, ce qui pourrait être évité en généralisant les équipements protecteurs, notamment les glissières doublées d'une lisse : ce sont des mesures de sécurité routière de ce genre, concrètes et non punitives, qu'attendent nos concitoyens.
Enfin, je veux souligner que rouler à 80 kmh, c'est rouler à la même vitesse que les poids lourds, et c'est augmenter les risques d'hypovigilance, comme l'ont montré de nombreuses études. Sur notre réseau secondaire, c'est aussi prendre le risque d'augmenter les dépassements dangereux, qui sont l'une des premières causes d'accidents – je sais de quoi je parle, car l'Ardèche est très concernée.
Pour toutes ces raisons, arrêtons de stigmatiser les habitants des territoires et d'entraver leur mobilité, car ils subissent cela comme une double peine.