Intervention de Ugo Bernalicis

Réunion du mercredi 13 juin 2018 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaUgo Bernalicis :

Nous sommes en train de déposer une proposition de commission d'enquête qui ressemble beaucoup à celle du groupe GDR sur la gestion de la manifestation du 1er mai, dernier car nous pensons que l'intitulé ici proposé est trop centré sur les groupuscules en tant que tels plutôt que sur la gestion en général des manifestations, en particulier celle du 1er mai.

Je prendrai moins de pincettes que mes collègues. Je pense que certains tirent les marrons du feu de ce genre de situation, au premier chef desquels le ministre de l'intérieur, qui est bien content de raconter vraiment n'importe quoi sur les plateaux télé. Dernière intervention en date, le 26 mai, il explique que si l'on veut garder demain le droit de manifester, il faudrait que les manifestants « puissent s'opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être d'un certain point de vue complices de ce qui se passe ».

C'est quand même énorme ! Du coup, j'ai réalisé une petite vidéo, que je vous invite à regarder, sur ma page Facebook ou ma chaîne YouTube, sur la manière d'interpeller un membre de Black Bloc au cours d'une manifestation, sur les clés de bras, etc. Ce n'est pas sérieux : un ministre d'État, ministre de l'intérieur, ne peut pas tenir ce genre de propos. Il est le garant du maintien de l'ordre et de la sécurité, y compris celle des manifestants. Il n'appartient pas à ces derniers de faire la police – ils ont déjà leur propre service d'ordre, et c'est déjà bien. En plus, comme le disait mon collègue Stéphane Peu, nous sommes les premiers à condamner ces violences car elles desservent nos objectifs politiques : faire des manifestations populaires massives contre le Gouvernement. C'est notamment pour ces raisons politiques que nous nous opposons aux violences commises par les Black Blocs, mais, au-delà, nous ne sommes pas partisans de la violence en politique. De même que les dégradations matérielles, elle ne mène à rien.

Je pense qu'il faut retravailler cette proposition de résolution et modifier son intitulé et son périmètre si nous voulons un accord plus large. J'ignore cependant si telle est la volonté du groupe Les Républicains.

En tout cas, cela est assez curieux : alors que le phénomène des Blacks Blocs ne date pas du 1er mai dernier – il y en avait les années précédentes –, le ministre de l'intérieur et quelques autres membres du Gouvernement, quatre ou cinq jours avant le 1er mai, disaient dans la presse craindre qu'il y ait un bon millier de militants cagoulés en tête de la manifestation. C'est qu'on savait bien que cela arriverait, parce qu'il y a, dans ce pays, des services de renseignement qui font leur travail. Moi-même, si vous m'aviez interrogé, je vous aurais dit que tous ceux de Lille avaient prévu de venir. Et, si je le savais, les services de renseignement le savaient. On pouvait en conclure, si c'était la même chose dans tout le pays, qu'il y aurait un peu de monde…

Alors quels moyens a-t-on déployés ? Aucun ! Une nouvelle fois, on a voulu faire de belles images pour la télévision et, comme toujours, « pourrir » les revendications de ceux qui manifestent tranquillement. Nous en sommes d'autant plus en colère que cela nous empêche de contester plus efficacement la politique du Gouvernement, mais les communiqués de la préfecture de police vantent les mérites de notre service d'ordre en manifestation – je le dis notamment pour mes collègues de la majorité qui évoquent, sur les plateaux de télévision, des violents de La France insoumise qui voudraient tout casser.

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