L'une des priorités de l'Union européenne est de construire avec son partenaire majeur qu'est la Fédération de Russie un partenariat stratégique fort, fondé sur des bases solides de respect mutuel. Tel était d'ailleurs le sens de l'invitation du Président de la République au président Poutine, à Versailles, le 29 mai dernier, qui a permis de relancer l'axe Paris-Moscou.
Néanmoins, la période récente marque incontestablement une remontée de l'influence militaire russe dans tout l'espace post-soviétique, en particulier en Ukraine et dans les pays baltes, remontée qui est source de fortes tensions.
Ma première question concerne le conflit qui déchire l'Ukraine depuis trois ans et a fait plus de 10 000 morts. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir financièrement et militairement les rebelles, ce que Moscou dément. Fin juin, l'Union européenne a prolongé de six mois les sanctions contre la Russie, soit jusqu'au 31 janvier 2018, faute de progrès dans la mise en oeuvre des accords de Minsk devant permettre une trêve des combats et un dialogue politique entre les rebelles prorusses et le gouvernement ukrainien.
Le Président de la République a annoncé le 26 juin 2017, lors de sa rencontre avec son homologue ukrainien Petro Porochenko, que la « France ne reconnaîtra[it] pas l'annexion de la Crimée », et qu'il fallait suivre « l'application concrète des différents points du processus de Minsk ». Lundi 24 juillet, un entretien téléphonique, au « format Normandie », c'est-à-dire entre les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand, a eu lieu. Il faisait notamment suite aux accusations contre Moscou, lancées par le nouveau représentant spécial de Washington, d'être responsable de la « guerre chaude » dans l'Est du pays.
Quel a été le contenu de leurs échanges à propos de la situation dans le Sud-Est de l'Ukraine, ainsi que sur le respect des accords de Minsk ?
Ma seconde question porte sur les prochaines manoeuvres militaires russes « Zapad 2017 » en Biélorussie et dans l'enclave russe de Kaliningrad, qui causent de fortes inquiétudes. En effet, les pays baltes – Lituanie, Estonie, Lettonie –, comme la Pologne voisine, sont préoccupés par ce déploiement militaire, le plus imposant depuis 2013, qui pourrait concentrer plus de 100 000 hommes à leurs frontières selon l'OTAN. L'inquiétude vient du fait que, depuis la Biélorussie, les troupes russes n'auraient qu'à franchir la frontière polono-lituanienne pour prendre en tenaille les pays baltes entre l'enclave de Kaliningrad, la Biélorussie et la Russie.
Face à ce risque, l'OTAN a déployé pour la première fois, la semaine dernière, son bouclier antimissile en Lituanie. Quelle est la position de l'Union européenne alors qu'au moins trois des États concernés en sont membres ?