Intervention de Nathalie Loiseau

Réunion du mardi 25 juillet 2017 à 14h30
Commission des affaires étrangères

Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, chargée des Affaires européennes :

S'agissant de la défense, vous avez indiqué, monsieur Leroy, que l'Allemagne était le problème. Je vous répondrai de manière assez peu diplomatique que le Royaume-Uni, qui n'a jamais manifesté un grand enthousiasme pour ce projet, l'était peut-être également. Le Brexit est globalement une mauvaise nouvelle, mais il nous offre l'occasion de faire avancer plus vite nos partenaires vers un objectif auquel nous sommes très attachés.

En tout état de cause, l'Allemagne s'est montrée très ouverte sur la question de l'Europe de la défense, que ce soit lors du Conseil européen ou lors du conseil des ministres franco-allemand. C'est la raison pour laquelle nous voulons faire progresser, en parallèle et au même rythme, deux projets : pour le dire de manière caricaturale, l'un auquel les Allemands sont très attachés, c'est-à-dire la coopération structurée et permanente, qui consiste à emmener à bord le plus grand nombre possible d'États membres, pourvu qu'ils soient ambitieux et en mesure de participer à des opérations militaires de haut niveau ; l'autre, auquel nous sommes particulièrement attachés, c'est-à-dire la création d'un Fonds européen de défense. À ce propos, je voudrais saluer quelqu'un dont on oublie parfois du dire du bien ; je veux parler de Jean-Claude Juncker, qui a fait accomplir à la Commission européenne une révolution culturelle complète. On nous aurait dit, il y a un an, que des fonds communautaires pourraient être consacrés à la recherche en matière de défense, nous aurions pris cela pour une vaste plaisanterie ! Aujourd'hui, dans un contexte géopolitique qui est ce qu'il est, l'engagement des acteurs permet de réfléchir au financement d'efforts de recherche dans ce domaine, que ces efforts portent sur ce qui existe déjà ou sur le domaine capacitaire.

Par ailleurs, nous plaidons en faveur d'une réforme du mécanisme Athena, qui permet de financer la préparation d'un certain nombre d'opérations extérieures, mais qui nous semble trop timide. Sur ce sujet aussi, la réflexion de nos partenaires évolue, et nous devons leur tirer notre chapeau.

S'agissant de l'embargo concernant la Russie, je vous rassure : personne, que ce soit au niveau national, au niveau européen ou au niveau des Nations unies, n'envisage de gaîté de coeur de déclencher des sanctions contre un pays. Celles-ci visent, par définition, un comportement précis, lors d'une crise précise et grave – et la crise ukrainienne l'est particulièrement. Ce n'est pas un outil que l'on utilise à la légère, car nous savons qu'un certain nombre d'acteurs économiques n'y trouvent pas leur compte.

Au demeurant, il s'agit, non pas d'un embargo, mais de mesures sectorielles ponctuelles. Attention à ne pas tout mélanger ! Les Russes se plaisent à entretenir une certaine confusion. Or, si un certain nombre de secteurs, notamment le secteur agricole, souffrent de l'attitude russe, celle-ci est antérieure aux sanctions relatives à l'Ukraine. Nous souhaitons, comme vous, que ces dernières soient levées mais, pour cela, il faut que des progrès suffisants soient accomplis. Nous serons donc ouverts et vigilants, pour les raisons que j'ai mentionnées tout à l'heure. Il en va de la sécurité de notre continent.

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