Je vous remercie, Mon général, pour votre exposé passionnant qui vous a permis de rappeler quel était votre rôle. Vous connaissez aussi le nôtre : représenter les Français dans leur diversité géographique et politique, et contrôler l'action du Gouvernement.
Si vous avez sonné le tocsin, nous alertant sur la situation critique dans laquelle se trouvent nos armées, vous avez plutôt usé de l'euphémisme au sujet de la réduction de 850 millions de crédits annoncée hier. Or, pour éclairer notre décision et pour éclairer les Français, sans doute convient-il d'être plus précis. Je crois avoir compris que le programme Scorpion était menacé de report, ce qui fragiliserait nos troupes à terre. Pouvez-vous nous présenter l'intégralité des conséquences que vous anticipez déjà, afin de peser sur le débat ?
D'autre part, vous avez rappelé que vous êtes chargé des relations avec les armées de nos partenaires européens, et que l'effort de défense européen repose pour l'essentiel sur trois piliers – ce qui semble pour le moins curieux dans la mesure où ce que nous défendons au Levant et au Sahel relève non pas des valeurs et des intérêts strictement nationaux, mais européens. Quelles pistes envisagez-vous aujourd'hui avec vos partenaires ? À quoi vous semblent-ils prêts ? Je pense à la fameuse règle de Maastricht selon laquelle le déficit ne doit pas dépasser 3 % du PIB, qui nous impose de consentir des efforts supplémentaires alors même que les opérations de défense que nous conduisons au nom des autres sont incluses dans ce calcul. N'y a-t-il pas là matière à réflexion ? Ne convient-il pas de « détendre l'élastique » afin que la France respecte les critères tout en tenant compte des efforts disproportionnés qu'elle déploie par rapport à ses capacités et de ses engagements, qui sont autant européens que nationaux ?