Cette proposition sur l'agriculture est évidemment positive parce qu'elle parle de souveraineté alimentaire. Depuis la réforme Fischer de 1998 et la politique du découplage, on avait perdu de vue que le premier objectif de la politique agricole commune est bel et bien de nourrir les Européens et d'assurer leur autonomie dans ce domaine.
La mise en concurrence, couplée avec un élargissement de l'Union européenne, conduit une spécialisation de chaque pays en fonction de son meilleur avantage qualitatif. Il peut en résulter un accroissement des déséquilibres territoriaux puisque toutes les régions ne bénéficient pas de cet avantage qualitatif. Dans le Vaucluse, terre de maraîchage, on produit des fraises. Or la production de fraises a été divisée par deux en France tandis qu'elle augmentait de 50 % en Allemagne : cela incite à réfléchir.
Ce phénomène illustre la théorie Heckscher-Ohlin sur la spécialisation commerciale qui pousse à la concentration des installations. Il en découle les débats sur les fermes de 1 000 vaches, une certaine opposition à une plus grande ouverture commerciale qui encourage ce déséquilibre, et une réflexion sur la concurrence intra-européenne qui s'exerce sur les prix – et donc la qualité – mais aussi à travers les normes de qualité.
Prenons la production de cerises dans le Vaucluse. On a interdit le diméthoate qui permettait de traiter un parasite, la drosophile suzukii. Moralité : les agriculteurs utilisent des produits de substitution à cet insecticide mais dans des quantités de sept à huit fois supérieures, ce qui n'est pas forcément bon pour la qualité, et nous importons des cerises en provenance de pays qui, malheureusement, utilisent le diméthoate ou font semblant de ne pas l'utiliser ! Cela incite à la réflexion sur l'investissement dans la recherche et dans la modernisation de notre agriculture.