J'espère que, s'appuyant sur l'unanimité – temporaire ! – de notre assemblée, une voix forte s'exprimera à Bruxelles, d'abord pour préserver le budget de la politique agricole commune, ensuite pour transformer celle-ci, dans l'intérêt de nos agriculteurs mais aussi de nos enfants – peut-être que ça fait un peu mélodrame, mais je pense qu'on en est là. J'espère qu'il y aura un capitaine à bord, de façon que nous n'abandonnions pas cette politique agricole à l'inertie.
Nous avons quand même une divergence de fond : le trou dans la raquette. Celui-ci est considérable, puisqu'il s'agit du libre-échange. Comment faire émerger un exception « agri-culturelle », sur le modèle de l'exception culturelle ? Comment fait-on pour ne pas laisser l'agriculture au marché et au libre-échange international ? Faute de répondre à cette question, faute de la poser de façon centrale, on se condamnera à un dumping social, environnemental et fiscal.
Cette question, la proposition de résolution ne fait, disons, que la frôler. Elle ne met pas les deux pieds dans le plat. Elle ne soulève pas la question de la libre-circulation des marchandises en Europe, avec des conditions environnementales différentes. Comment faire dès lors que l'on interdit le glyphosate dans un seul pays, si c'est bien ce qui se passe dans trois ans ? Cela peut, me semble-t-il soulever des difficultés économiques pour nos agriculteurs, et nous devons poser la question avec franchise. De même, comment demander à nos agriculteurs de monter en gamme tout en signant, en même temps, des accords avec le Mercosur, avec le Mexique, ou un accord tel que le CETA, dont on a bien du mal à débattre dans cet hémicycle ?
Le trou dans le raquette est donc large, et cette proposition de résolution ne le comble pas vraiment. Je tenais à relever ce point de divergence important, malgré le soutien que nous apporterons au présent texte.