Je vois qu'il y a beaucoup de questions et que Cuba demeure un sujet de débat passionné.
Cette convention marque effectivement un petit pas vers la normalisation Mme Saint-Paul. S'agissant des relations franco-cubaines, indépendamment du fait que c'est Nicolas Sarkozy qui avait lancé cette initiative comme l'a rappelé M. Mélenchon, François Hollande s'est rendu en visite officielle à Cuba – une première pour un chef d'État français – et Raul Castro est venu à Paris. Donc, de ce point de vue-là, on peut aller vers une certaine normalisation.
Je suis reconnaissant à M. Mélenchon d'avoir rappelé que le Docteur Guevara avait soigné effectivement des marins français au bord d'un bateau qui s'appelait La Coubre, car il se trouve que le lieu-dit La Coubre se trouve dans ma circonscription : c'est une immense plage, et il m'a donc fait découvrir cet épisode que je ne manquerai pas de rappeler.
Concernant la question de M. Herbillon relative à l'accès à internet, le développement d'internet a permis l'apparition de nouveaux modes d'expression. L'intérêt est qu'ils ne sont pas ou mal contrôlés par l'État. Il existe des blogs et des réseaux sociaux nationaux, tels que 14ymedio, et d'autres qui sont installés à l'étranger. Au passage, l'ambassadeur de Cuba à Paris, que nous avons auditionné, nous a rappelé que plus d'un million d'Américains d'origine cubaine vivent aux États-Unis. Ils sont souvent installés en Floride et jouent un rôle politique important. La plupart sont proches du Parti Républicain.
L'accès à internet, depuis 3 ans, a fait des progrès. Mais il reste encore limité en termes de bande passante. Il est principalement disponible en extérieur grâce à des points wifi situés dans des lieux publics. Les tarifs sont encore relativement élevés, même s'ils sont en baisse : de l'ordre d'un dollar américain l'heure. La technologie 3G commence à faire son apparition mais encore à un coût prohibitif pour la majorité des Cubains. Mais pour rejoindre la réflexion de M. Guy Teissier, qui est allé à Cuba, le problème numéro 1 reste la misère.
M. Herbillon avait aussi posé une question sur les priorités pour notre pays. Dans le contexte de durcissement de la politique des États-Unis vis-à-vis de Cuba, le dialogue politique demeure central. Par ailleurs, le soutien à la transition économique est à appuyer. Certains groupes français, tels que Pernod Ricard, sont très présents, Bouygues a également remporté quelques grands chantiers, notamment l'aéroport de La Havane. Un de nos groupes doit même participer à la rénovation de la vieille ville de La Havane. Un certain nombre d'actions sont donc engagées. Il faut cependant favoriser l'intervention de nos banques sur l'île, qui est actuellement freinée pour différentes raisons, notamment en raison de la législation américaine. Il y a enfin le dialogue culturel, qui est capital, d'autant que la culture cubaine est florissante et que les domaines de coopération ne manquent pas (musique, arts plastique et visuel, danse, numérique). L'ambassadeur a insisté sur la nécessité de développer la francophonie. L'Alliance française y est assez active mais ils ont des problèmes pour former les professeurs de français. Ils souhaitent échapper aux dialogues exclusivement en l'anglais et en espagnol. Il ne faut donc pas négliger cette question.
Mme Valérie Boyer est intervenue sur le thème des droits humains. Nous allons voir si il y aura des changements mais il est vrai que le Président de la République actuel est un homme du système et que Raul Castro gardera la maitrise du parti jusqu'en 2021.
Je voudrais rendre hommage à une ancienne collègue : Françoise Hostalier. Elle avait été députée du Nord, secrétaire d'État chargée de l'enseignement scolaire dans le gouvernement d'Alain Juppé. Elle a été très active en matière d'action pour la défense des droits humains. Elle avait pris une initiative à laquelle j'avais souscrit : chaque député pouvait parrainer un prisonnier politique cubain. On était tenu au courant du devenir du prisonnier politique qu'on avait accepté de parrainer.
Nous avons également interrogé l'ambassadeur sur la peine de mort. Elle est toujours inscrite dans les textes, mais soumise à un moratoire depuis 2003. Il semble qu'il n'y a plus eu d'exécution capitale depuis cette date. Par contre, il y a encore un certain nombre de prisonniers, même si leur nombre tend à diminuer. Nous avons indiqué à l'ambassadeur que nous resterions très attentifs sur ces questions.
Concernant la question de Mme Samantha Cazebonne, je ne peux pas témoigner de l'existence de guides d'État étant donné que je ne suis pas encore allé à Cuba, mais mes collègues voudront peut être répondre.