Intervention de Philippe Pointereau

Réunion du jeudi 21 juin 2018 à 11h40
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Philippe Pointereau, directeur du pôle agro-environnement de Solagro :

Les charges des agriculteurs liées aux pesticides atteignent 2,5 milliards d'euros par an. Si l'on réduit de 50 % l'usage des pesticides, l'argent économisé pourrait permettre de payer un technicien pour une quinzaine d'exploitations agricoles. On substituerait ainsi les matières actives dangereuses par de la matière grise, qui pourrait conseiller sur les bonnes rotations, les bons couverts, la lutte biologique.

Les viticulteurs parviendront bientôt se passer du glyphosate grâce à des techniques d'enherbement, de pâturage. L'erreur, sur le glyphosate, a été de laisser du flou, ce qui n'a pas été incitatif. En fixant une date limite, vous obligez les gens à trouver les pratiques de substitution, mais l'absence d'échéances et la négociation à l'amiable bloquent les changements.

Solagro a anticipé et conçu une plateforme, OSAE – « Osez l'agroécologie ». Les agriculteurs qui mettent en place ces pratiques sont mis en avant, notamment au travers de vidéos. L'agriculture de demain existe déjà et nous voulons montrer que les choses sont possibles. Je pense notamment à ce producteur de riz bio en Camargue, qui fait pâturer des canards pour se débarrasser des mauvaises herbes, comme cela se fait en Asie, des canards qui seront commercialisés sous un label « canard des rizières ». Les viticulteurs replacent des animaux dans leurs vignes, comme autrefois. Ce sont des pionniers, qu'il faut sécuriser. Certains n'osent pas montrer leurs pratiques, car leurs résultats sont trop performants ! On parle beaucoup de Mouans-Sartoux pour la restauration collective bio ; il faut aller chercher les exemples et montrer que ça marche.

Les coopératives, des acteurs majeurs censés appartenir à l'économie sociale et solidaire, devraient davantage anticiper, à l'image de Qualisol, une petite coopérative qui compte 30 % de producteurs bio et qui a développé les filières de légumineuses à graines, ou des fermes dans l'Aveyron, qui se servent du photovoltaïque pour créer de la valeur ajoutée. Les grosses coopératives traînent du pied, alors qu'elles devraient intégrer ces enjeux et élaborer une stratégie.

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